Maxime SOLERA : « Je pense qu’on s’est toujours gagné les contrats dans l’arène et cela, j’en suis fier, mon équipe et moi-même »

Originaire de Fos-sur-Mer à côté d’Istres, Maxime Solera a grandi dans une famille taurine puisque son père a été novillero et son frère raseteur professionnel. Pourtant, dès ses 4 ans, Maxime s’est tourné vers le tennis où il atteint un niveau confirmé à la fin de son adolescence. C’est seulement à l’âge de 16/17 que Maxime s’intéresse aux toros alors qu’il prépare un diplome d’Etat pour devenir moniteur de tennis. Il entre alors à l’école taurine d’Arles où il fait ses classes pendant 4 ans.

À l’Ecole Taurine d’Arles, Maxime a torée une vingtaine de novilladas. Grâce à ses contacts, le phocéen a eu l’opportunité de rencontrer le maestro Victor Mendes qui lui proposa de venir s’entraîner chez lui au Portugal :

« Je voyais qu’en France il n’y avait pas tellement de débouchés pour moi, je suis donc parti rejoindre le maestro Victor Mendes au Portugal pour m’entraîner […] Je ne savais pas forcément parler très bien espagnol, pas du tout portugais. Je suis parti pour faire un essai durant une semaine, et je suis finalement resté 3 mois. »

Un essai qui s’est donc avéré concluant et positif pour la suite. A son retour, il fait la connaissance d’Enrique Guillen, dernier torero ayant pris l’alternative à Barcelone (2009). Le catalan devient son apoderado et lui permet de faire le paseo de quelques novilladas :

« Enrique Guillen m’a apodéré en me donnant quelques dates et depuis je suis avec lui, j’ai fait une saison complète en novillada sans picadors, j’ai débuté en piquée la même saison »

Cela a impliqué un changement important dans la vie de Maxime qui a dû déménager en Catalogne espagnole pour continuer l’apprentissage de la profession.

« En Janvier 2015, je suis parti vivre à Barcelone. Je m’entraîne avec lui sous son œil (Enrique Guillen N.D.L.R) avec mon banderillero, Omar Guerra, on fait un peu de résistance là-bas, tous les jours ensemble, matin, après-midi. »

Nous avons ensuite évoqué la carrière de Maxime. Le novillero français est souvent associé aux encastes minoritaires dîtes « torista ». Il a débuté son parcours en novillada piquée face à du bétail de Peñajara et s’est mesuré ensuite à de nombreuses ganaderias de renom : Dolores Aguirre, Raso de Portillo, Prieto de la Cal, Juan Luis Fraile, Conde de la Maza…

Une trajectoire réfléchie et assumée par le novillero français :

« C’est un choix qu’on a discuté avec mon équipe après mon passage en piquée. Ce choix implique beaucoup de chose dans l’arène, une lidia différente, un type de tauromachie particulier, une aficion différente. J’aime cette aficion, on s’est donc dirigé vers ce type toro »

Son attachement à ce type d’encaste demande un certain bagage technique pour pouvoir défier ce type de ganaderias. Maxime est revenu sur son image, et comment il pensait être perçu par les aficionados.

« Je pense qu’il me voit comme un novillero déjà, c’est-à-dire avec sûrement plein de défauts mais avec beaucoup d’envie, essayant de démontrer toute l’envie que j’ai d’être torero. Ce n’est pas parfait parfois, mais on essaie de compenser avec autre chose, un torero sincère, classique et poderoso, en tout cas c’est comme ça que j’essaie de toréer. »

Cette envie débordante qualifie bien la personnalité de Maxime Solera. L’envie de prouver qu’il veut devenir torero, ne reculant pas face à du bétail de respect. C’est d’ailleurs un point sur lequel insiste le français :

« Je sais où je veux être, dans quel circuit je veux être ça c’est sûr, mais c’est vrai aussi que je suis ouvert à autre chose. A Istres, l’an dernier j’ai coupé 3 oreilles à une novillada de Cuillé, je veux aussi démontrer que je suis capable de tout, mais en ayant les idées claires… »

Un engagement qui est reconnu par les professionnels du milieu. Grâce à des prestations remarquées, Maxime s’est ouvert les portes de différentes férias de novilladas espagnoles

« Les organisateurs reconnaissent le choix qu’on a fait, les performances qu’on a pu avoir dans certaines arènes comme Céret, Boujan ou Istres. Ils le reconnaissent et cela nous permet de rentrer dans des férias comme Calasparra (Prieto de la Cal), Villaseca (Dolores Aguirre), Andorra (concours). C’est une chance de pouvoir rentrer en Espagne quand on sait comment fonctionne l’Espagne à l’heure actuelle, c’est compliqué. On a l’honneur d’y être dans de bonnes conditions. »

Malgré s’être ouvert les portes des arènes espagnoles, la saison 2018 de Maxime n’a pas été aussi bonne que prévue.

« L’an dernier, ça a été une saison compliquée. En février, je me suis fracturé le plateau tibial. Cela m’a éloigné des ruedos pendant 4 mois. J’ai repris à Boujan après seulement 3 semaines d’entrainement où je me fais attraper par mon premier novillo qui me détruit un petit peu de partout. J’ai dû arrêter jusqu’à Istres. »

Des blessures importantes qui ont fortement plombé la Temporada du français. Malgré cela, il a tout de même continué la Temporada pour assumer les contrats déjà signés.

« Derrière je n’ai pas pu m’ouvrir à de nouveaux contrats parce que dans les conditions physique où j’étais, le ménisque fissuré, je ne pouvais pas me permettre de prendre d’autres contrats, c’était déjà énorme d’assumer les contrats que j’avais, je me suis fait opérer en fin de saison. »

Un bilan qu’il tire tout de même au positif avec 8 novilladas torées avec plusieurs triomphes ou après-midis importantes comme à Calasparra ou Boujan.

En 2019, il entame la Temporada à Arles où il hérite d’un très bon novillo du Lartet auquel il coupe une oreille, avec une forte pétition de la seconde refusée par le palco. Un résultat qui vient donner un peu plus d’espoir à Maxime pour cette année.

Ces succès lui permettent d’envisager la temporada actuelle avec beaucoup d’illusion, avec plusieurs objectifs dont celui de se présenter à Madrid. Mais il rappelle une chose fondamentale, il ira dans de bonnes dispositions :

« Je pense qu’on s’est toujours gagné les contrats dans l’arène et cela, j’en suis fier, mon équipe et moi-même. Cette année on ira certainement à Madrid, j’ai une bonne saison qui se prépare. L’objectif est d’aller à Madrid pour confirmer et essayer de concrétiser tout ce qu’on a pu faire jusqu’à aujourd’hui. L’objectif est d’aller à Madrid cette année dans de bonnes conditions, c’est-à-dire moi, physiquement et techniquement, pour être capable de démontrer ce qu’on veut être. »

Dans ce qui est sa troisième saison plein en novillada piquée, cette Temporada 2019 est cruciale. Maxime aura des rendez-vous à ne pas manquer pour continuer de tracer le chemin qu’il a entamé voilà maintenant presque 10 ans. Le moment d’aborder donc l’alternative :

« Oui j’y pense, je me focalise sur le présent c’est clair, j’ai beaucoup d’objectif à l’heure actuelle à court terme et à moyen terme. Si on regarde à long terme, c’est sur ce serait bien de pouvoir prendre l’alternative l’année prochaine mais dans les conditions dans lesquelles on veut la prendre, avec de la force, le bagage technique nécessaire parce que je ne veux pas simplement me contenter de prendre l’alternative, ça doit juste être une transition pour accéder à l’échelon supérieur, je compte une nouvelle fois me gagner ce qui va venir après l’alternative. »

Rendez-vous donc en fin de Temporada pour tirer le bilan de cette importante saison. Maxime Solera sera dans les ruedos tout l’été avec plusieurs après-midis importants dans les arènes de Boujan, Céret, Istres ou encore Beaucaire. Tout cela arrive avant un éventuel passage à Las Ventas et une campagne espagnole dans les férias de novilladas dont sa présence sera déterminée par les résultats des prochaines novilladas !

Jean Dos Santos