Ce mardi 11 novembre, à Saint-Sever, Antonio João Ferreira retrouvait les arènes françaises. Un retour attendu, presque intime, pour le matador portugais qui a longtemps grandi sous l’œil exigeant et bienveillant de Richard Milian. Des arènes du Sud-Ouest aux grands après-midi de sa période de novillero, la France a été pour lui plus qu’un pays de passage : un véritable territoire de formation et d’ascension.
« C’est un vrai plaisir pour moi d’être ici », confie-t-il en souriant, encore imprégné de l’atmosphère du festival organisé en hommage à Adour Aficion. « Le torero Antonio va bien, préparé pour toréer, et très heureux de pouvoir revenir après plusieurs années. » Car malgré son éloignement des ruedos français, Ferreira n’a jamais quitté le toreo. Sa vie, dit-il, est restée entièrement tournée vers le toro.

Une carrière façonnée entre France et Portugal
La trajectoire d’Antonio João Ferreira bascule en 2008 lorsqu’il prend l’alternative à Mont-de-Marsan. Un événement important, devant une sérieuse corrida de La Quinta, des mains du Fundi. Une oreille coupée ce jour-là vient sceller la naissance d’un matador dont les saisons suivantes confirmeront la solidité : Aire-sur-l’Adour, Lunel, Istres, Mauguio, Vergèze… Autant d’arènes où il laisse des passages remarqués.
Mais l’âpreté du métier le rattrape. Les opportunités se raréfient. « Je n’ai jamais arrêté de toréer », insiste-t-il pourtant. « Le plus difficile, c’est de pouvoir rentrer dans les cartels. Aujourd’hui, j’essaie d’intégrer la Copa Chenel et de toréer, tout simplement. » La voie est étroite, mais Ferreira n’a jamais cessé de persévérer.

Un homme de campo, un torero au quotidien
Loin des projecteurs, le Portugais s’est accroché à l’essence même de sa vocation : le travail. « Je continue à m’entraîner, à tienter, jusqu’à ce que je puisse m’exprimer à nouveau devant un toro. » Il vit au campo, proche des bêtes, mais aussi proche des futurs toreros puisqu’il aide les jeunes de l’école taurine de Vila Franca de Xira, sous la direction du maestro Victor Mendes. Une manière de transmettre, mais aussi de se régénérer.
Sa dernière corrida avait eu lieu l’an passé, le 22 octobre 2024 au Portugal, face à un lot sérieux. Depuis, il attendait une nouvelle opportunité. Ce festival du 11 novembre à Saint-Sever a été la première de sa saison : un retour aux sources, et un moment de vérité.

En attendant 2026… ?
Au terme de cette journée à Saint-Sever, une impression demeure : Antonio João Ferreira n’a rien perdu de sa détermination et de son toreo. Et si 2025 restera sans doute une année de transition, 2026 pourrait bien ouvrir une nouvelle fenêtre pour le Portugais. L’hypothèse d’une participation à la Copa Chenel, qu’il évoque avec lucidité et ambition, apparaît comme un premier jalon essentiel pour se remettre sur la carte.
Plusieurs empresarios, attentifs à la maturité qu’il affiche aujourd’hui et à son sérieux dans la lidia pourraient y voir une opportunité : celle d’un torero expérimenté, affûté, prêt à jouer sa chance sans concessions.
Propos recueillis par Jean Dos Santos le 11 novembre à Saint Sever
