Les fêtes de Bayonne et Sébastien Castella avaient rendez-vous ce vendredi pour l’un des événements les plus importants de cette Temporada 2025. À l’occasion de ses 25 ans d’alternative, Castella avait choisi Bayonne pour fêter l’événement et redonner aux arènes Lachepaillet la place qu’elles méritent sur l’échiquier français.
Le premier défi était de remplir les arènes, et ce fut chose faite ! Même s’il y avait encore un peu de marge pour atteindre le plein, cela faisait longtemps que l’on n’avait pas vu les arènes de Bayonne si remplies, aux couleurs rouge et blanc des fêtes ! Une ferveur très populaire, avec un public mêlant néophytes et confirmés, venu assister à cette encerrona.

Ce public très divers a pesé sur l’ambiance de la tarde, cherchant à voir triompher le torero numéro 1 français tout au long de l’après-midi. Avec un total de 4 oreilles accordées, c’est désormais chose faite, et ce malgré des toros globalement décevants. Une tarde où le Français a fait l’effort et où il eut le mérite de combattre chacun de ses adversaires avec la même intensité. Il sortit a hombros, la tête haute, acclamé par les aficionados.
Côté taurin, les six toros lidiés en cette après-midi se sont révélés globalement décevants, que ce soit en termes de présentation ou de comportement. Les deux toros de Jandilla, les mieux présentés, avec un bon gabarit et des armures correctes (même si les pointes furent abîmées), ont donné quelques opportunités au Français d’exprimer son toreo. Manquant de fond mais plutôt mobiles, et noble pour le premier, les deux Jandilla ont pu aider le maestro. Ce ne fut pas le cas des toros de Domingo Hernández, notamment en termes de présentation : les deux toros se sont présentés insuffisamment armés et manquaient de trapío. Dans le caractère, le premier n’a pas vraiment servi, tandis que le second, grâce à sa noblesse, a offert la possibilité à Castella de s’exprimer.

Enfin, les deux toros de Pedraza de Yeltes sont sortis assez différents l’un de l’autre : le premier, sur la défensive et manquant de mobilité ; le second, plus encasté et aux charges intenses, a permis à Castella un dernier tour de roue malgré la fatigue. Un exemplaire intéressant, dans le type de la ganadería, mais qui est allé a menos.
Sébastien Castella a vécu une tarde assez linéaire, mais fortement impactée par ses échecs successifs à l’épée. Le Français a dû s’y reprendre à plus de trois reprises face à ses trois premiers adversaires, perdant à coup sûr une récompense dans le lot. Avec un public acquis à sa cause, Sébastien Castella est parvenu à proposer un toreo de cape intéressant et assez varié, faisant l’effort de lidier chacun de ses adversaires. L’entame de chacune de ses faenas fut intense, souvent les points culminants de ses œuvres. Il nous fit même l’honneur de poser une paire de banderilles au centre de l’arène, en esquivant l’animal.

De la variété, certes, mais les puristes sont sortis avec une pointe de regret et d’amertume. Certaines séries, à l’intensité supérieure, auraient mérité davantage de profondeur en ce qui concerne le torero. Et la prestation des toros laissa, il faut le souligner, un Sébastien Castella sans la possibilité de s’exprimer pleinement.
Une encerrona au bilan non négatif, mais qui n’aura pas forcément eu l’impact maximum pour tous les types d’aficionados venus remplir les arènes de Bayonne en ce vendredi des fêtes.

1° – Jandilla – 517 kg – 01/21
Le premier Jandilla sort de bon gabarit, mais avec le bout des cornes esquinté. Sébastien Castella donne le ton avec de belles véroniques. Deux piques légères. Le Français réalise un bon quite par tafalleras, conclu d’une larga très torera. Bon tercio de banderilles de Rafael Viotti, ovationné. Sébastien Castella réalise une bonne faena, où il a une maîtrise technique totale sur l’animal. Il torée à mi-hauteur, sans trop obliger un toro qui manque de fond. Une entière basse au second essai s’avère efficace.

2° – Pedraza de Yeltes – 529 kg – 05/21
Le second toro du fer de Pedraza de Yeltes est bien fait, de bon trapío, mais aux armures justes de présentation de par leur forme. Le toro proteste au cheval sur deux rencontres peu disputées. Sébastien Castella réalise une belle entame, assis sur l’estribo. Le Français tente d’enchaîner, mais les charges brusques du toro n’aident pas. Dans un toreo très vertical, avec un peu de marge, il tente d’obliger un animal de moins en moins mobile. Mort laborieuse avec trois pinchazos et un quart de lame, qui nécessite le descabello, difficilement utilisé lui aussi.
3° – Domingo Hernández – 531 kg – 04/21
Juste de présentation, le toro de Domingo Hernández fuit les hommes en piste. Il se révèle finalement combatif au cheval avec deux rencontres disputées malgré des forces très limitées. Très bonne série de véroniques de Sébastien Castella, qui fait retentir les « olés » et obtient une belle ovation. Castella débute sa faena au tiers par des derechazos donnés à genoux. Il impacte encore sur l’entame de faena, mais, comme sur les deux premières, le reste manque de rythme et d’entrain. Face à un toro manquant de race, il sert quelques séries volontaires. L’épée réduit encore la voilure avec des échecs successifs, puis une entière tombée.

4° – Jandilla – 533 kg – 01/21
Le quatrième du fer de Jandilla est de bon gabarit, correct de présentation. Sébastien Castella réalise un bon accueil avec véroniques et chicuelinas ajustées. Salut de José Chacón aux banderilles et brindis au ciel de Sébastien Castella. La faena est entamée par des statuaires, avec un toro qui répond bien sur les premières charges. Meilleur à droite, le toro de Jandilla permet à Castella de dessiner les meilleures séries de sa faena sur les premiers derechazos. Le reste est inégal, avec un torero parfois trop sur le passage, et un animal qui proteste davantage à gauche. Il remet une bonne couche sur le piton droit avant un nouveau pinchazo. Avec davantage d’engagement, il porte une entière d’école qui fait mouche. La première oreille tombe !

5° – Domingo Hernández – 526 kg – 12/20
Le cinquième est trop juste de présentation pour l’événement et la catégorie de l’arène. Il prend deux piques sans briller. Sébastien Castella décide de partager un tercio de banderilles avec José Chacón et Rafael Viotti, avec Mathieu Guillon à la lidia. Le toro n’est pas franchement adapté, mais les trois toreros s’en sortent bien. Castella, seul au centre de la piste, parvient à esquiver l’animal et poser sa paire. Effort appréciable !
La faena de Castella débute de nouveau avec intensité, réussissant à entraîner le public derrière lui et déclenchant la musique sur la première série. Face à un toro qui manque de fixité mais reste noble, il parvient à dessiner une faena convenable. Castella torée mieux sur un piton droit exploitable, avec quelques derechazos profonds. Il tue d’une demi-lame engagée qui fait effet. Deux oreilles un peu généreuses. Vuelta fêtée.

6° – Pedraza de Yeltes – 545 kg – 10/20
Le dernier toro de la tarde est imposant et entre avec fougue dans le ruedo. Réception assurée de Sébastien Castella avant un tercio de piques où le maestro s’applique sur les mises en suerte, au péril de ses trastos ! Deux piques, la seconde décevante faute à un toro qui ne s’emploie pas. Les premières charges du toro sont très intenses dans le dernier tiers. Diminué par l’effort physique, Sébastien Castella doit redoubler d’efforts pour se hisser au niveau du toro. Exigeant, l’animal impose sa loi, mais la technique du torero parvient finalement à prendre le dessus. Derniers efforts notables avant une demi-lame et un descabello pour conclure face à un toro difficile à arrêter. Une oreille accordée pour l’effort.
Bayonne, Vendredi 11 juillet 2025
6 toros de Jandilla (1/4), Pedraza de Yeltes (2/6), Domingo Hernandez (3/5) pour
Sébastien Castella : applaudissements après avis, silence, silence, une oreille après avis, 2 oreilles et une oreille après avis
Jean Dos Santos