La tauromachie n’est peut-être pas omniprésente sur les écrans, mais elle s’y fait une place régulière, et parfois marquante. Ces dernières années, plusieurs productions audiovisuelles l’ont mise en lumière : La Casa de Papel et Berlin ont tourné des scènes dans des élevages et dans les arènes d’Aranjuez, Entrevías compte parmi ses rôles principaux l’ancien matador Óscar Higares, et le film Tardes de Soledad offre une plongée intense dans l’univers d’Andrés Roca Rey, à travers le prisme de quelques corridas emblématiques. Plus près de chez nous, la série quotidienne Ici Tout Commence, tournée à Saint-Laurent-d’Aigouze, fait régulièrement appel à des élevages de la région pour ses séquences en extérieur.

C’est dans cette continuité que s’inscrit Le Fil, le dernier long-métrage réalisé par Daniel Auteuil, tourné en partie à Arles. Si le film ne traite pas directement de tauromachie, il lui accorde une place aussi discrète que symbolique. Deux scènes ont été filmées à la ganadería Pierre Marie Meynadier, à Raphèle-lès-Arles, révélant dans une lumière authentique les gestes et les silences d’un monde où la tradition est essentielle.
Parmi les visages aperçus à l’écran, celui de Nino Julian, jeune novillero originaire de la région, marque les amateurs attentifs. Présent dans ces séquences rurales au cœur du campo camarguais, il évoque avec enthousiasme cette incursion dans le monde du septième art :
« Ça a été une expérience extraordinaire, avec des rencontres avec des personnalités du cinéma. C’était une très grande première. »

C’est à la suite d’un casting mené à Nîmes que son nom a émergé. La directrice de casting cherchait un jeune torero « Mon nom est ressorti et, suite à une rencontre avec la directrice, c’est moi qui ai été sélectionné », confie-t-il. Mais au-delà du rôle, c’est une rencontre qui l’a marqué : celle de Daniel Auteuil, en dehors du tournage. « J’ai eu la chance de rencontrer Daniel Auteuil en personne. De par les discussions que j’ai eues avec lui, il m’a montré que les traditions étaient très importantes pour lui. »
Réalisé par Daniel Auteuil, Le Fil est un drame poignant qui suit Maître Jean Monier, un avocat à la retraite qui reprend du service pour défendre un homme accusé du meurtre de sa femme. Persuadé de l’innocence de son client, interprété par Grégory Gadebois, il s’engage dans une bataille judiciaire où la vérité n’est jamais évidente. Tourné à Arles et ses environs, le film met en valeur le patrimoine local autant qu’il interroge les grandes questions de justice, de morale et de transmission. La ville d’Arles, ses paysages, et certaines figures de son terroir — dont un jeune torero — y trouvent naturellement leur place.

Un regard bienveillant sur la culture taurine, que le film ne traite pas de front, mais qu’il accueille avec justesse dans l’environnement provençal de son récit. À travers ce clin d’œil taurin, Le Fil ancre un peu plus son intrigue dans la réalité du territoire, entre justice, mémoire et respect des héritages.
