Nouveau « No hay billetes » pour la seconde édition de la « Corrida Extraordinaria », une corrida qui n’a pas tenu toutes ses promesses malgré la triple Puerta Grande factuelle mais un brin exagérée qui clôtura cette (trop) longue tarde de près de trois heures trente.
Les gradins avaient donc fait un plein qu’on mettra au crédit d’une empresa, Maestria Productions, soucieuse de proposer une affiche qui, sans être inédite à l’exception d’Olga Casado, eut le mérite d’attirer l’attention d’un nombre conséquent d’aficionados. Pour modérer le propos, ce public, venu pour voir couper des oreilles, ne sut pas toujours faire la part des choses, se montrant un peu injuste envers un Alejandro Talavante mal servi au sorteo, et trop généreux côté trophées envers Léa Vicens et Sébastien Castella. Le palco, oubliant quelque peu son rôle d’autorité éducative, suivit l’humeur des étagères dont il ne sut modérer l’excès d’enthousiasme.
Côté bétail, pour les piétons cinq toros (dont un sobrero) et deux novillos de Victoriano del Rio, pas trop mal présentés, souvent commodes de tête, et pour la cavalière deux toros de Fermin Bohorquez, coiffés (trop) court, tous offrant un jeu inégal.
Léa Vicens, dans son jardin pescalune, a fait le nécessaire avec professionnalisme. Elle sut mettre ainsi à profit les dispositions inégales de ses deux charpentés opposants marqués au fer de Fermin Bohorquez. Le premier adversaire de la nîmoise, distrait à sa sortie, fut bien capté par la suite lors de la pose de trois rejones de castigo, dont un finit très vite au sol. Au second tiers le bicho collabora, malgré une pointe de faiblesse, permettant la pose de banderilles longues et courtes, la faena s’achevant par un rejon de muerte très en arrière. Oreille généreuse.

Face au cinquième, Léa fit preuve de tout autant de maîtrise, souvent spectaculaire lors de quiebros cités de face ou de poursuites en appuyers parfaitement conduites. Deux rejones de castigo, le second peu enfoncé finissant sur le sable, six banderilles dont deux courtes, et un toro au bout de sa vie, se couchant seul avant l’estocade. Relevé par la cuadrilla, il fut occis d’un rejon déterminant, laissant une oreillette dans les mains de la cavalière.
Sébastien Castella conduisit son premier Victoriano vers le centre par d’élégantes véroniques templées avant de laisser son picador faire son office en deux rations de fer, symbolique la seconde. Quite du maestro par trois chicuelinas et demie. Muleta en mains, c’est par passes hautes que le biterrois initia une faena sans grand son qui résulta majoritairement droitière, la corne gauche permettant peu. Demi-lame tendida après long cadrage, trois descabellos. Silence après avis.

Le sixième toro boîta peu après son entrée en piste mais il ne fut renvoyé qu’après une pique qui mit en évidence son manque de forces. Le sixième bis resta inédit dans le capote de Sébastien, lequel le fit ménager par son picador en une unique rencontre. Brindée à Léa Vicens et Olga Casado, la faena qui suivit fut correcte mais à nouveau sans grande profondeur, le toro réduisant ses charges et s’appuyant sur le piéton. Après avoir volé des muletazos sur les deux bords, le biterrois logea une grande lame qui fit monter la tension dans les gradins, lesquels réclamèrent et obtinrent (à tort) les deux oreilles du cornu.
Alejandro Talavante fut le grand perdant de la tarde. Face au bronco troisième, il laissa une paire de véroniques en tablier, puis après une longue rencontre face au uhlan de service, il composa une faena peu aboutie s’achevant par une demi-ration de fer portée au second assaut complétée par deux descabellos. Silence. A noter un accompagnement flamenco ponctuel bien peu justifié par le manque de consistance du trasteo.

On aperçut, face au septième, quelques véroniques et demie élégantes puis après une pique pompée poussée par intermittence, quelques doblones de mise en condition. Peu inspiré par le manque de possibilités offertes par le Victoriano, l’extremeño s’en débarrassa très vite d’une entière tendida portée au quatrième assaut et nécessitant un brelan de descabellos. Sifflets d’un public laissé sur sa soif de trophées et qui ne sut percevoir qu’il n’y avait pas grand-chose à faire. Reste, pour le torero, la manière…
Olga Casado restera la bonne surprise de cette tarde. Ovationnée à son entrée en piste, la jeune fille accueillit son premier novillo par véroniques allurées, le bravito cornu poussant ensuite sur l’unique puyazo. Joli quite d’Olga par trois cordobinas et revolera. Brindée à Sébastien Castella, la première faena de la torera madrilène débuta par passes hautes genou ployé, se poursuivant par muletazos ambidextres où la novillera montra son aguante, se croisant et courant la main avec beaucoup de détermination et de grâce malgré quelques courts passages un peu brouillons. Faena bien construite s’achevant par luquecinas et une mise à mort un peu tardive par entière contraire traserita et un poil tendida. Deux oreilles justifiées.

L’abanto dernier fut cueilli par jolies véroniques et demie avant une vilaine pique sur l’épaule qui décomposa l’utrero par la suite. Quite d’Olga par deux saltilleras et larga. Brindée au public, la seconde faena de la demoiselle, initiée par statuaires, fut volontaire mais prolongée à l’excès vu le manque d’allant du cornu. Après avoir arraché nombre de muletazos sur les deux bords, Olga mit fin à sa seconde prestation d’une entière concluante portée au troisième assaut. Palmas après avis.
Observations :
No hay billetes
Sortie a hombros pour Léa Vicens, Sébastien Castella et Olga Casado.
Présidence : Samuel Gauthier assisté de Marilou Fournier et de Benoît Gibelin.
Lunel, Samedi 19 juillet 2025
2 toros de Fermin Bohorquez, 4 toros et 2 novillos de Victoriano del Rio pour
Léa Vicens : une oreille et une oreille
Sébastien Castella : silence après avis et 2 oreilles
Alejandro Talavante : silence et sifflets
Olga Casado (novillera) : 2 oreilles et applaudissements après avis
Compte rendu & photos : Patrick Colléoni