Manolete et Islero, 72 ans plus tard…

Jeudi 28 août 1947, Linares située dans la province de Jaén (Andalucia). 17h30, c’est l’heure du paseo. Au cartel, six toros d’Eduardo Miura pour le modeste Gitanillo de la Triana, Manuel Rodriguez “Manolete” et Luis Miguel Dominguin.

A l’époque, la concurrence entre Manolete et Dominguin fait rage. A 30 ans, Manolete est sur le déclin. Luis Miguel Dominguin prend l’alternative trois ans plus tôt, le 2 août 1944 à La Corogne et s’impose peu à peu comme le nouveau numéro un de l’escalafon. En fin de temporada, Manolete avait prévu de se retirer des ruedos faute à une profession qui devenait insupportable pour lui. La pression était de plus en plus forte et le public de plus en plus exigeant.

Le torero de Cordoba avait déclaré lors d’une interview : “Le public n’est content que si je me rends à l’infirmerie”

A Linares, ce Jeudi 28 août, il ne restait plus que quelques mois à tirer pour Manolete. Il fait le paseo aux côtés de son éternel rival, Dominguin pour un duel bien disputé, face à des toros déjà légendaires, les Miuras.

Après avoir réalisé une bonne prestation face à son premier mal conclue à l’épée, entre en piste “Islero“, un toro avec peu de caste devant lequel Manolete sert une prestation honorable, au-dessus des possibilités de l’animal. Il laisse en fin de faena quelques derechazos et quatre manoletinas qui embrasent les tendidos. Mais en entrant “a matar”, le toro le prend au niveau de la jambe droite, lui infligeant une cornada de 20cm ascendante et une descendante de 15cm dans le triangle de Scarpa.

Une opération de 40 minutes pour recoudre la veine saphène et réduire les endommagements de la fémorale. Le torero avait perdu beaucoup de sang ce qui a contraint les médecins à lui en transfuser. Le plasma surement défectueux, aurait entraîné un aggravement de la situation qui a conduit à la mort de Manolete après plusieurs heures de souffrance.

Jean Dos Santos