Mont de Marsan : Daniel Luque triomphe en ouverture devant les toros de Fuente Ymbro

Daniel Luque a dominé la corrida d’ouverture de la Madeleine 2025 en coupant deux oreilles à son premier toro de Fuente Ymbro. Un premier triomphateur de poids pour cette édition.

Le public était d’ailleurs déjà chaud en ce mercredi d’ouverture. Pas totalement plein, le Plumaçon n’a pas manqué de réagir aux changements de tercio malvenus ainsi qu’à la vuelta posthume généreuse du second toro de Fuente Ymbro.
Une décision qui n’enlève rien à la qualité d’un lot globalement intéressant de Ricardo Gallardo. Habitué au Plumaçon dans les années 2010, le lot de 2025 aura certes manqué de force, mais la mobilité et le piquant proposés ont donné de l’intérêt. Supérieurs, les second et quatrième par le fond, et l’intéressant premier qui demandait les papiers. Le dernier avait également des qualités que l’on n’a pas pu réellement découvrir.

Daniel Luque a surnagé devant une adversité ne lui facilitant pas toujours les choses, notamment par le manque de forces. L’Espagnol a surdominé ses deux toros, notamment le premier, qui permettait davantage. Luque est parvenu à étendre son répertoire avec luquecinas, avec et sans l’aide, allonger ses muletazos, tout cela dans un sitio plus que correct. Chapeau l’artiste pour ce qui restera l’une des tardes les plus abouties de sa temporada.

Daniel Luque avec toreria sans épée

Morenito de Aranda et Borja Jiménez ont connu des fortunes diverses, déjouant quasiment de la même manière face aux seconds toros de leur lot. Les deux hommes ne sont pas parvenus à résoudre les problèmes posés par leur adversaire de Fuente Ymbro.

Pour Morenito de Aranda, le manque de forces de son adversaire lui a raccourci la charge, perturbant les intentions du Castillan.
Pour Borja Jiménez, la mobilité sans transmission de l’animal l’a laissé sans clés pour inverser l’intensité de sa faena.

Dommage que toutes les planètes n’étaient pas alignées, mais Daniel Luque a permis de mettre en avant le fond sans trop de forces des toros de Fuente Ymbro.

Toro a toro

Le premier toro de la Madeleine est accueilli a puerta gayola par Morenito de Aranda. Bien présenté, le toro fait une entrée discrète avec la tendance à aller vers les planches. Réception sûre et soignée de Morenito de Aranda avant deux piques bien exécutées mais peu appuyées. La faena de Morenito de Aranda est une vraie bataille. Le torero s’emploie pour rivaliser avec une charge brusque et violente de l’animal. Toréable exclusivement à gauche, Morenito sert de bonnes naturelles, parfois accrochées mais méritoires. Il tue au troisième essai et perd l’espoir d’un trophée.

Morenito de Aranda est allé à puerta gayola pour recevoir le premier toro de la Madeleine

Le second toro est correct de présentation. Daniel Luque réalise une réception soignée mais le toro ne se fixe pas dans la cape. Le tercio de piques est insuffisant avec une seule pique, la première rencontre voyant le picador éjecté de la monture à l’impact. Sifflets du public contre le changement de tercio.
Daniel Luque débute par des statuaires chirurgicales qui finissent par des trincherillas de grande beauté. Luque profite d’un grand piton gauche pour distiller des naturelles limpides, en faisant passer le toro au plus près. Malgré un toro parfois brusque et inégal, Luque parvient à régler parfaitement l’animal. La faena est variée grâce à des naturelles et des remates longs, où Luque prolonge la charge du toro jusqu’à son maximum. Il tue d’une entière foudroyante, immédiatement, un poil basse. Deux oreilles logiquement accordées mais, à l’image du changement de tercio, le président accorde une vuelta posthume inappropriée sous la pression du torero. Erreurs sur toute la ligne…

Borja Jiménez accueille le troisième toro, bien présenté. Belle mise en suerte du torero sur deux rencontres vibrantes, mais la seconde se résume à un bel impact depuis le centre du ruedo et une pique qui se brise à la rencontre. On n’aura pas droit à une vraie seconde pique, la présidence en a décidé ainsi.
Le toro s’abîme lourdement les bouts des cornes sur un remate contre le burladero et en chutant au sol. Sous les contestations des tendidos, Borja Jiménez livre une faena avec peu d’écho, signant des séries sans transmission. L’animal manque lui aussi de fond pour un résultat sans histoire. Une entière basse conclut l’affaire avec un peu de délai. Avis.

Le quatrième toro est correct de présentation mais possède peu de forces. Il est très faiblement piqué sur deux rencontres. Dans le dernier tiers, le toro a du moteur et de la race malgré son manque de force, qui perturbe les fins de charge. Malheureusement, Morenito de Aranda ne parvient jamais à comprendre l’animal pour profiter de ses qualités. Il réussit à sortir une excellente série à gauche qui déclenche la musique, mais la suite ne vient pas. Il tue d’une vilaine épée de côté, qui nécessite un unique descabello efficace après avis.

Le cinquième toro est correct de présentation, plus agréable pour le torero que le reste du lot. Juste de forces, l’animal reçoit deux picotazos sans s’impliquer. Comme souvent, Daniel Luque parvient à nouveau à réaliser des miracles avec une adversité faible. L’animal manque de force pour exprimer toute sa race. Cela oblige Luque à changer de style, toréant entre les cornes. Avec précision et maîtrise extrême, il parvient à toréer avec goût et variété. Une nouvelle prestation de haut niveau, qui finit mal à l’épée et le prive d’une nouvelle récompense. Ovation générale pour le torero !

Le dernier toro est le mieux armé du lot. Mal lidié par Borja Jiménez, il prend deux piques, la première appuyée. Le toro est mobile dans le dernier tiers, mais sa charge irrégulière met Borja Jiménez en difficulté. Le Sévillan ne réussit pas à s’approprier l’animal, laissant des séries trop superficielles et sans écho. Il conclut d’une vilaine épée de côté.

Présidence : Franck Lanati assisté de Diane Bordel et Julie Villeroy

6 toros de Fuente Ymbro pour
Morenito de Aranda : silence et silence après avis
Daniel Luque : 2 oreilles et salut après avis
Borja Jiménez : silence après avis et silence

Jean Dos Santos