Mont de Marsan : Lettre ouverte de Guillaume François, annonçant sa démission

Lettre ouverte

J’écoute les critiques. Je n’y suis ni sourd ni insensible, sauf lorsqu’elles sont caricaturales et excessives, devenantalors, selon le mot de Talleyrand, insignifiantes.

J’assume, à titre entièrement bénévole, la présidence de la Commission Taurine de Mont de Marsan depuis 2008.À ce titre, j’ai travaillé du mieux que j’ai pu, depuis 2008, en donnant tout mon temps, mon énergie et ma passionpour redonner un maximum de lustre à notre Feria, à remettre Mont de Marsan et la Feria de la Madeleine dans le circuit international des grandes ferias, à une place qu’elle n’aurait pas dû quitter.

Rappelons-nous, objectivement, la situation d’avant 2008…
J’ai mené ce travail, avec les membres de la Commission Taurine, toujours en respectant l’identité de nos arènes, qui a toujours été, et restera, une feria « mixte », devant mêler torisme et figuras, dans un équilibre toujours délicat à atteindre.
J’ai essayé aussi, toujours en conservant l’essence de la corrida, d’explorer des pistes pour moderniser cespectacle taurin qui devra nécessairement évoluer pour rester en phase avec son époque. Car je suis convaincuqu’on ne construira pas la Tauromachie de demain en restant ancré dans le passéisme, en regardant dans lerétroviseur et en refusant toute évolution, évolutions absolument nécessaires en matière artistique.
Mais je me considère surtout comme un aficionado parmi les aficionados.
J’étais abonné au Plumaçon bien avant d’être nommé président de la commission Taurine et je m’honore decontinuer à régler mes deux mêmes abonos, et ce depuis ma prise de fonctions.

Le feria 2019 n’est pas une réussite artistique, c’est un fait.
Même si nous avons travaillé pendant une année à monter ce qui était, sur le papier, « une des ferias les mieux pensées de France » (dixit Zocato dans le journal Sud-Ouest).
Il est cependant caricatural de prétendre que la majorité des lots n’était pas bien présentée.
Les La Quinta, les Luis Algarra, les Fuente Ymbro correspondaient tous à leur type zoo-morphologiques et étaient dignes d’une arène de première catégorie.
Les toros de Nuñez del Cuvillo également, même si nous avons eu le désagrément d’un toro qui s’est abîmé lespitones après avoir été enfermé dans les chiqueros (et qui a été changé de ce fait).
Dans chaque lot, il y avait des toros permettant aux toreros de triompher.
Les trapíos sont conformes, les poids réglementaires sont respectés. (Annexe 1)

L’ensemble des membres de la Commission Taurine travaille de façon entièrement bénévole, toute l’année, pourcomposer des cartels les plus attractifs et présenter les meilleures corridas possibles pour satisfaire notre public.Imaginer le contraire serait ridicule. Mais la Commission Taurine n’a pas de rôle dans le déroulé du spectacle etle rendu artistique final. Cela appartient au jeu des toros, aux toreros et à l’alchimie qui se produit avec le public.

La corrida de Victorino Martin a grandement déçu les aficionados.
En premier lieu, au nom de l’organisation, je leur présente nos excuses car le spectacle et la présentation de troistoros n’ont pas été à la hauteur de leurs espérances, et ils ont pu se sentir floués.
Je leur dois des explications, et je vais les livrer, en totale transparence.

Nous avons supervisé le lot au Campo trois fois.
Les deux dernières visites sont positives : les toros ont bien pris et leur morphologie est correcte. (Annexe 2)
Il n’y a en Juin aucun problème de trapio.
J’ai négocié avec Victorino l’embarquement de 7 toros (alors que Victorino refuse d’embarquer plus de 6 toros en général) pour qu’on puisse être sûr de sortir une corrida complète quoi qu’il arrive (blessure dans les corralesou autres).
L’éleveur nous a demandé expressément d’embarquer son lot pour qu’il arrive le plus tard possible à Mont deMarsan, et nous avons accepté cette exigence.
La commission Taurine a embarqué les lots de la feria entre le 11 et le 12 Juillet ( comme elle le fait systématiquement), mais pas celui de Victorino puisque ce dernier embarquement a eu lieu, à la demande del’éleveur, le mardi 16 Juillet au soir (date qui coïncide avec le début des fêtes et le Concours Landais)Cependant, le fait de ne pas y être en personne n’est pas une faute en soi car nous avons envoyé Florito, le veedor de nos mandataires Simon Casas et Marie Sara, qui est aussi le veedor des arènes de Madrid, la première arène du monde, et qui a bien embarqué la corrida prévue (les 7 toros reseñés).
Il ne nous a pas immédiatement informés que deux toros ont déjà perdu du poids alors que s’il nous avait alerté, nous aurions pu demander le changement de ces deux toros dès l’embarquement.

Le débarquement se fait le mercredi 17 à midi, après la mise en chiqueros de la corrida de La Quinta etl’information qui m’est transmise est que le débarquement s’est passé sans problème.
Le jour de la corrida, avec Victorino Martin dans les corrales le matin, nous décidons que le 29 a beaucoup perduet qu’il doit sortir du lot de 6 qui seront lidiés l’après-midi.

Je décide toutefois que ce toro 29 sera sobrero (pour conserver une corrida complète du même fer, même en cas de changement de toro).
C’est une erreur d’avoir conservé ce toro 29 comme sobrero, et surtout comme premier sobrero (nous aurions dû décider de mettre un La Quinta et un Fuente Ymbro).

Personne ne se rend compte non plus que le 6 et le 44 sont également beaucoup trop justes et nous les laissons dans le lot.

Le sixième toro sort normalement mais se déhanche sur les premiers coups de cape. La colère du public monteet la Présidence Technique décide de changer ce toro, dans l’ordre du sorteo publié et approuvé par les cuadrillas.

Dans cet enchaînement d’erreurs, ou de fautes, plusieurs personnes portent une part de responsabilité :

  • L’éleveur qui a laissé embarquer et lidier deux toros qui n’avaient pas le niveau requis,
  • Le veedor qui ne nous a pas alertés à l’embarquement,
  • Mais c’est moi, en tant que responsable de la Commission Taurine qui ait personnellement commis les

    erreurs fondamentales qui ont déclenché la fureur du public, puisque je n’ai pas pris les décisions quiauraient pu empêcher que ces toros sortent en piste, et notamment ce sobrero.

    J’ai donc ma part dans cette responsabilité collective, et elle est importante.
    Il n’est ni dans mon caractère, ni dans mes valeurs personnelles, de me défiler ou de chercher chez d’autres lesbouc-émissaires idéaux.
    C’est pourquoi je présente mes excuses aux aficionados au travers de cette lettre ouverte, ces erreurs, je lesreconnais, et cette part de responsabilité, je l’assume sans me défausser.
    C’est ainsi que, dès le lendemain de la Feria, j’en ai immédiatement fait part à Monsieur Charles Dayot, Maire deMont de Marsan, en lui envoyant ma lettre de démission.
    Il a indiqué qu’il s’exprimerait en Septembre sur ce sujet, mais j’estime qu’il est utile de rendre publique cette démission, datant du 23 juillet 2019, dans la mesure où Monsieur le Maire m’a finalement indiqué, après avoirinitialement refusé ma démission, qu’il ne voulait pas me maintenir dans mes fonctions de Président de laCommission Taurine.

    Guillaume FRANCOIS