Tyrosse : Exigeante corrida de Pagés Mailhan, José Fernando Molina seul triomphateur de l’édition 2025

La corrida des Fêtes de Tyrosse 2025 aura rassemblé un joli deux tiers d’arène ce samedi 26 juillet. Auréolée d’un titre de champion de France de Fédérale 2, l’équipe de rugby de l’US Tyrosse avait lancé les hostilités avant le paseo, finalement retardé de quelques minutes. Une affiche alléchante et un taux de remplissage favorisé par une chaleur largement tolérable pour la saison ont offert une jolie ambiance, avec des gradins garnis par des aficionados mais aussi de nombreux novices venus découvrir ou redécouvrir les cultures taurines — ou Jesús Enrique Colombo, qui semblait avoir plusieurs partisans dans les gradins.

Les matadors de toros aux côtés des joueurs de l’US Tyrosse, champion de Fédérale 2

En piste, ce sont finalement les toros de Pagés Mailhan qui ont eu la décision finale quant à l’issue de cette corrida. Avec un lot très disparate, notamment en termes de gabarit — pas au rendez-vous pour les trois premiers, supérieurs pour les trois suivants — mais aussi d’armures, toutes abîmées (celles du second grossièrement), les toros de Pagés Mailhan n’ont pas brillé par leur noblesse mais plutôt par leur capacité à pousser les toreros dans leurs retranchements. Ce sont notamment les trois derniers, davantage dans la morphologie et le comportement du toro, qui ont offert de l’intérêt au public et des soucis aux toreros.

Le quatrième toro de Pagés Mailhan

José Fernando Molina est sorti gagnant en coupant les deux oreilles, trop généreuses certes, du cinquième toro de la tarde. Plus mature que ses compagnons de cartel, il a réalisé les séries les plus abouties et profondes, que ce soit à la cape ou à la muleta, et même dans la lidia de ses deux adversaires. Une tarde complète, qui aurait mérité davantage de constance — notamment sur son second — pour voir l’octroi de deux oreilles incontestées au cinquième.

José Fernando Molina devant son premier toro de la tarde

Tristan Barroso a lui aussi tiré son épingle du jeu, mais non sans peine face au dernier toro de la tarde qui lui demanda les papiers tout au long de la faena. Encore vert et en recherche d’expérience, le Français a lutté avec ses armes pour tenter de contenir les assauts de son adversaire rude et exigeant. Ce dernier toro fut d’ailleurs le plus exigeant du lot, ne laissant aucune place à l’erreur au néo-matador. Une épée un peu basse, certes, mais efficace et engagée permit à Tristan Barroso de poursuivre son apprentissage sur une bonne note, avec un potentiel qui semble se confirmer pour les prochains mois.

Tristan Barroso s’est employé pour extraire le maximum possible d’un sixième toro très exigeant

Jesús Enrique Colombo : son toreo très populaire convient parfaitement au public le plus novice, car le garçon fait le spectacle en piste. Mais d’un point de vue tauromachique, son toreo superficiel n’a pas suffi pour véritablement mettre en valeur ses deux adversaires du jour. Les deux tercios de banderilles ont été exécutés à cornes passées — exceptée la dernière paire — et ses deux faenas furent dessinées exclusivement sur le passage. À aucun moment Colombo n’est parvenu à maîtriser la situation et ralentir la charge de ses adversaires, formant pourtant le lot le plus favorable de la tarde. Son geste de fin — se jeter dans les cornes de l’animal sans muleta pour l’estoquer — fut assez stupide, au vu d’un premier pinchazo et de l’incapacité à aller chercher le triomphe. Au-delà de ce geste incompréhensible, c’est surtout la suspicion d’une fracture de la main qui pourrait sérieusement compromettre la deuxième partie de sa saison, qui devait continuer à Azpeitia avant la fin du mois. Un « all-in » qui n’a pas payé.

Il y a eu une seule et unique paire de banderilles dans les canons. Mais quelle paire !

Toro a toro

Le premier toro de Pagés Mailhan est joli mais manque de trapío. Il prend deux petites piques avec un travail de cape soigné de Jesus Enrique Colombo. Le Vénézuélien réalise lui-même le tercio de banderilles, à cornes passées mais qui porte largement sur les tendidos. La faena de Colombo est assez superficielle et accrochée. Il ne parvient pas véritablement à dominer un adversaire avec du fond et de la qualité. C’est sur le piton droit que Colombo s’en tire le mieux avec beaucoup d’écho sur les tendidos. Il conclut d’une vilaine épée de côté au deuxième essai qui fait effet. Pétition minoritaire logiquement non entendue. Bravo à la présidence.

José Fernando Molina reçoit le second, juste de trapío et aux armures esquintées, par quelques véroniques de bon goût. Deux piques légères avec deux mises en suerte précises du torero. Dans le dernier tiers, le toro tarde à quitter les planches. Molina tente de débuter au centre à genoux mais le toro fuit. Il tente même de sauter dans le callejón. En vain. Molina réussit à tirer de bons passages, notamment à droite où il parvient à garder le toro dans sa muleta. Malheureusement, le manque de caste limite les possibilités du torero.

Le troisième toro est plus armé et avec davantage de coup. Sur la réserve, le toro offre peu de possibilités pour la lidia discrète de Tristan Barroso. Deux piques légères. Le dernier tiers n’est pas meilleur. Le toro n’offre aucune possibilité de briller malgré les tentatives de Barroso. Le Français abrège logiquement, avec difficulté, un animal qui ne lui facilitera jamais la tâche.

Jesus Enrique Colombo hérite du quatrième, au trapío largement supérieur aux précédents. Une pique appuyée et quite avant un tercio de banderilles assuré par Colombo. Les deux premières paires sont à cornes passées, mais le quiebro, suivi d’une paire en face à face entre les cornes, fait lever le public. Colombo réalise une nouvelle faena trop superficielle où le ton est donné par l’intensité des charges du Pagés Mailhan. L’animal a des charges intéressantes mais baisse de régime, tout comme la faena. Le Vénézuélien tente de s’en sortir avec quelques molinetes avant d’entrer grossièrement a matar sans muleta au second essai. C’est un deuxième pinchazo et direction l’infirmerie.

Le cinquième est commode de présentation et de trapío. José Fernando Molina réalise une excellente prestation à la cape avec de belles véroniques et demies. Une belle pique où le toro pousse dans les reins du cheval. Molina réalise un bon début de faena où il pèse réellement sur le toro. Après avoir dessiné les meilleurs muletazos de la tarde, il se perd à vouloir toréer décentré et de manière circulaire. Cela fait perdre de l’intensité à la faena. Il tue d’une entière un peu verticale au second essai. Deux oreilles et vuelta au toro sans justification aucune. Une nouvelle fois, le surplus de trophées gâche la fête et la vraie valeur du travail de Molina.

Le dernier toro de Pagés Mailhan est de bon trapío. Tristan Barroso ferme la tarde avec une réception serrée à la cape. Deux piques dont une première où le toro pousse modérément. La faena est une vraie bataille entre un toro encasté et exigeant, et un torero juste en expérience mais qui s’accroche. Tristan parvient à tirer les meilleurs passages à droite, où le toro offre des possibilités mais ne pardonne pas l’imprécision. À gauche, Tristan laisse quelques naturelles moins limpides avant de retourner batailler sur le piton droit. Efforts notables du torero, qui doit encore engranger de l’expérience pour dominer totalement les débats. Il tue d’une entière engagée un peu basse au second essai et décroche une oreille.

6 toros de Pagés Mailhan pour
Jesus Enrique Colombo : salut et blessure
José Fernando Molina : salut après avis et 2 oreilles
Tristan Barroso : silence après avis et une oreille après avis

Jean Dos Santos