Aire sur l’Adour : une novillada concours en demi-teinte, oreilles pour Manuel Diosleguarde et Francisco Montero

Malgré une présentation correcte des Novillos on restera sur notre faim, le jury aussi qui ne décernera pas de prix pour cette Novillada Concours, félicitons la Péna des Arsouillos de Aire sur Adour pour continuer à proposer à l’aficion des encastes de toros qui sortent des sentiers battus, une competencia entre novillos espagnols et français et de nous avoir permis de revoir certainement pour une dernière fois dans le Sud-Ouest en tant que novillero Manuel Diosleguarde.

Novillo de Escolar Gil, « Colladito » n°13, origine Albaserrada

Joli petit novillo bien dans le type avec une armure normale comme tous les Santa Coloma, il vient de suite « remater » aux planches et s’intéresse aux pietons. Il se fait châtier lourdement sur les 2 premières piques par un picador sans noblesse et respect du toro, usant même d’une carioca totalement volontaire au second assaut. Pour la troisième pique, Colladito part du centre du ruedo et d’un bon galop va percuter le cheval. On sent un novillo bien affaibli par ces piques assassines. Il ne sera malheureusement pas possible de juger de sa noblesse durant la faena puisque Carlos Olsina se fait soulever dès la fin de la première série au niveau de l’entrejambe de façon spectaculaire. Le français culmine à plus de 2mètres de haut et retombe sans que le novillo ne le charge à nouveau. Il est obligé de partir à l’infirmerie pour se faire recoudre sachant que la blessure est nette et peu profonde.

Montero second au paseo prend l’épée de mort et sans préambule ni fioriture tue après trois tentatives. Dommage car il aurait été intéressant de voir ce novillo à la muleta, sachant que jusqu’au bout, il a gardé la bouche fermée malgré des piques très dures. Carlos Olsina n’a pas pu s’exprimer puisque blessé rapidement. On notera toutefois que le novillo affaibli devenait très réservé et comme Olsina a oublié de se croiser, il fut malheureusement mais logiquement pris par la corne droite de ce Novillo.

Novillo de Yonnet, « Artaban »

Le novillo porte bien son nom car il a une forte tendance à garder la tête haute. L’animal « burraco » tâcheté de noir sur les flancs et le poitrail, de la Ganadéria Yonnet, fait forte impression à son entrée en piste. Il prend une première pique à distance normale puis Montero le met par deux fois au milieu du ruedo pour 2 piques supplémentaires où le novillo charge rapidement et avec énergie. Il pousse la cavalerie sans trop mettre les reins. A noter le beau tercio de piques. Enfin un picador digne de ce nom qui respecte l’animal ! Il pose sa lance dans le morillo sans donner des mouvements de va et vient avec sa pique afin de créer une plus forte hémorragie. Sur les charges sans mise en suerte du novillo, le picador n’essaie pas de mettre la puya et attend de pouvoir le citer normalement. Bravo Monsieur.

Aux banderilles « Artaban » s’intéresse dès qu’on le cite et suit le piéton jusqu’aux planches, toujours bouche fermée.
A mon avis ce novillo n’a pas été mis en valeur comme il aurait du. Montero le prend de suite de près, liant des séries sans trouver le sitio, avec trop de pas chassés pour se replacer et sans jamais se mettre dans le terrain du novillo. Dommage, il aurait pu le prendre à distance, vu qu’il partait de loin à la pique et nous aurions pu avoir plus d’émotion sur cette faena sans saveur. Une épée entière basse vient conclure ce dernier tiers. Le Président a résisté longtemps avant de donner une oreille qui, à mon sens, n’est pas justifiée. D’ailleurs un fort mécontentement se fait entendre lors de la pose du mouchoir blanc.

Novillo de Flor de Jara, « Chinchador »

Le troisième a lui aussi une belle présentation, beau pelage « Buendia », novillo plus réservé qui se fixe en quérencia au toril. C’est avec délicatesse que Manuel Diosleguarde le change de terrain sans donner de passe mais en le guidant avec son capote pour finir sur une véronique en lâchant la main. De bon goût. “Chinchador” prend une première pique sur une charge puissante, donnant des coups de tête et laissant beaucoup d’énergie. Sur les 2 piques suivantes, il repart volontairement et avec puissance dans le peto du cheval toujours à égale distance au niveau de la mise en suerte.

Le novillo s’affaiblit au fûr et à mesure mais Manuel Diosleguarde nous montre son sens de la toreria et sa technique bien en place durant toute la faena. Pieds joints au début en statuaires, il sort le novillo des planches pour l’amener vers le centre, puis enchaîne avec suavité et temple des derechazos et des changements de main avec des séries courtes mais bien faites. Le seul reproche que je puisse lui faire est qu’il joue beaucoup de sa qualité de poignet et sa grande facilité technique. Il oublie cependant de se croiser pour donner une plus grande sortie au toro. Malheureusement il lui faudra trois coups d’épée pour faire tomber ce novillo et un dernier descabello pour l’envoyer au paradis des toros.

Comme à l’accoutumée maintenant, avant l’arrastre, on entendit le Pasodoble en l’honneur du
Maestro Fandiňo, interprété avec plein d’émotion par la banda des Armagnacs. Ensuite pour permettre à Carlos Olsina de bien se remettre afin de pouvoir combattre son deuxième novillo, l’ordre de passage fut modifié. C’est Montero qui prit le cinquième novillo

Novillo de Turquay, “Ibareno”

Le Turquay, de sang Pablo Mayoral rafraîchi avec du Buendia, prénommé « Ibareno » bien présenté lui aussi qui remate aux planches. Novillo mal piqué et mal mis en suerte qui restera longtemps collé au cheval sur la première pique et sur la seconde, plus longue à se dessiner car le toro rechigne à venir défier le cheval. On aura juste un encuentro. Changement de tiers demandé et obtenu par Montero, à l’évidence ce novillo n’aurait pas encaissé une troisième pique

Devant un adversaire plus difficile que son premier car plus réservé, Montero montre un peu de tension. Sur les premières séries, Montero dessine des passes aidées par la main qui tient l’épée. On le sent en difficulté devant ce novillo qui se refait une santé. Comme lui non plus ne se croise pas pour gagner du terrain et donner plus de sortie au toro, on s’achemine sans émotion vers la mise à mort. Une première épée qui reste dans les doigts et une seconde qui pénètre sur la gauche ; «  Ibareno » s’écroule avec une hémorragie nasale. Silence.

Novillo de Astarac, “Tembleño”

Le novillo de l’Astarac appartenant à Jean Louis Darré d’origine Pedrajas, « Tembleňo » est bien charpenté, haut, malheureuseusement la corne droite un peu escobillée. Quelques amateurs voient une faiblesse des pattes avant et c’est confirmé sur la première pique où le novillo fait une génuflexion à l’impact et aussi sur la seconde pique mais à la sortie du cheval.

Le novillo manque de force et a une charge dans la muleta limitée. Mais c’est mal connaître Manuel Diosleguarde qui n’a pas envie de sortir sans trophée des arènes Maurice Lauche. Grâce à sa technique et une belle qualité de poignet, il maintient ce novillo debout et en lui donnant de l’air. Il exécute des séries esthétiques avec des passes d’adornement, qui semblent ravir l’assistance en manque d’émotion. Une belle épée entière vient clôturer cette faena. Grâce à une forte pétition de mouchoirs blancs, il obtient ce qu’il voulait : une oreille de « Trembleňo ». Un trophée mérité pour l’ensemble de son œuvre cette après-midi.

Novillo de Agustinez, “Año”

Enfin revient Carlos Olsina pour combattre le novillo de Agustinez d’origine Veragua, prévu en quatrième position, qui répond au prénom de « Aňo » L’animal, au berceau de cornes très large et de petit gabarit, est piqué 2 fois de manière correcte mais ne s’emploie pas beaucoup au cheval. Carlos Olsina reçoit le novillo par una larga aux planches et une série de véroniques de bon aloi dès la sortie en voulant montrer son envie.

Après un brindis au public, il démarre sa faena au centre du ruedo mais le toro un peu faible, ne répond pas. Carlos Olsina lui met la muleta devant le nez et parvient à lui tirer 2 séries. Malheureusement le novillo ne répond plus et le temps est venu de conclure cette faena qui n’enthousiasme pas les gradas. Une épée entière mais complétement dans le flanc du novillo qui malgré tout finira par s’agenouiller. Silence.

Pascal Laguian

Aire sur l’Adour, Dimanche 17 octobre 2021

6 novillos de Escolar Gil, Yonnet, Flor de Jara, Agustinez, Turquay, Astarac pour
Carlos Olsina : blessure et silence
Francisco Montero : une oreille et silence
Manuel Diosleguarde : silence et une oreille