À l’occasion du 15 août, la corrida avait été retardée à cause des grosses chaleurs qui ont persisté tout au long de la soirée. Une corrida qui affichait le « No Hay Billetes » plusieurs heures avant l’heure du paseo, en raison de la présence d’Andrés Roca Rey et du torero local Tristan Barroso. Ce sont finalement les deux toreros qui ont été les protagonistes de la tarde, devant des toros décevants de Juan Pedro Domecq et un Juan Ortega fantomatique.
Six toros de Juan Pedro Domecq, au gabarit modeste et aux armures agréables malgré des pointes en bon état. Les toros, malgré un petit fond de noblesse, ont manqué de race et d’émotion pour permettre à la terna du jour de ravir l’assemblée. Des tercios de piques symboliques, sauf le second toro qui a offert trois rencontres intéressantes (pour deux piques seulement) et qui aurait pu être davantage mis en valeur avec une lidia digne de ce nom.
Andrés Roca Rey est sorti en triomphe en coupant deux petites oreilles accordées par une présidence ne tenant pas compte du vilain bajonazo en guise d’estoc. Le Péruvien a pourtant réalisé un effort notable malgré un toreo trop souvent sur les extérieurs, mais qui a eu le mérite de faire embister le toro. C’est ravi que le public a vu triompher Andrés Roca Rey, qui ne s’est pas soucié de ces détails au moment de pousser pour obtenir les deux oreilles.
Tristan Barroso aurait pu accompagner son compagnon de cartel en triomphe s’il n’avait pas échoué à l’épée. Face à son premier, il avait déjà relevé le ton d’une tarde qui avait démarré poussivement. Il a dû s’accrocher face à deux adversaires assez exigeants et aux charges irrégulières. Son premier, dont la corne droite a offert une charge intéressante et vibrante, a permis à Tristan de s’employer, tirant des derechazos intenses et vibrants. Plus difficile à gauche, l’épée lui permit de décrocher un pavillon. Face à son second, peut-être le meilleur exemplaire de la tarde, il donna de la distance sur l’entame de faena pour déclencher la musique et faire lever les tendidos. Malheureusement, la suite fut moins précise malgré les efforts notables du torero. L’épée le priva d’un triomphe important pour sa troisième corrida sur le sol français.
Juan Ortega, qui ouvrait le cartel, a été l’auteur d’une prestation fantomatique bien que professionnelle. Il a dessiné quelques détails esthétiques à la cape et à la muleta sans jamais lier son toreo. Une prestation décevante, qui aurait pu être meilleure malgré un lot certes peu inspirant.
Toro a toro
Le premier Juan Pedro Domecq est correct de présentation. Juan Ortega sert de belles véroniques sur l’entame, mais le toro a du mal à se fixer. Deux piques légères, sans mise en suerte du Sévillan. Juan Ortega réalise une faena sans saveur ni transmission face à un toro peu inspirant, mais avec certaines options s’il avait fait un effort. Il tue au second essai d’un vilain bajonazo.
Le second est juste de présentation, gentil d’armures. Roca Rey réalise une bonne réception à la cape avant de se retirer totalement d’une mise en suerte catastrophique. Le picador manque le toro sur la première rencontre et se fait renverser avec force. Il revient à deux reprises en poussant de nouveau au cheval. Salut d’Antonio Chacón après un bon tercio de banderilles. Contre toute attente, le toro ne charge pas dans le dernier tiers, ne laissant aucune option à Roca Rey. Le Péruvien tue d’une entière foudroyante d’école.
Le troisième Juan Pedro est léger de gabarit et agréable d’armures. Tristan Barroso réalise une belle réception à la cape face aux charges incertaines de l’animal. Deux piques un peu appuyées avec un toro qui ne pousse pas. Tristan Barroso réalise une bonne entame de faena grâce au bon piton droit de l’animal. À gauche, les séries sont plus accrochées, l’animal étant plus violent. Tristan tente de résoudre les problèmes, mais c’est sur le piton droit qu’il va revenir s’imposer en cédant peu de terrain au toro. Il tue d’une demi-lame plus une entière en place concluante et décroche une oreille.
Juan Ortega réalise une bonne entame à la cape en toreant avec beaucoup de douceur un animal noble mais juste de force. Deux piques peu disputées et peu appuyées. La faena est de nouveau sans grande saveur, avec un Juan Ortega peu concerné. Malgré quelques détails, cela ne décollera jamais. Épée sans engagement, sous la bronca des tendidos.
Face au cinquième toro, toujours commode de gabarit, Roca Rey réalise une mauvaise mise en suerte, laissant le toro aller seul au cheval. Deux simulacres de pique. Roca Rey réalise un bon début de faena où il parvient à profiter de la mobilité du toro malgré un manque de race. Le Péruvien réalise des séries agréables mais trop périphériques, envoyant le toro systématiquement sur les extérieurs. Sur le piton gauche, il est accroché devant un toro avec peu de qualité. Il tue d’un affreux bajonazo plus un descabello. Deux oreilles hors sujet, demandées par un public venu voir triompher Andrés Roca Rey.
Tristan Barroso hérite du dernier toro de la tarde. Un castaño juste de présentation. Réception appliquée avant deux piques inégales avec un toro qui se défend. Tristan débute sa faena au centre du ruedo à genoux avant d’enchaîner sur une seconde série vibrante. La suite de la faena est plus inégale, notamment à gauche où le Français est accroché. Il insiste en réduisant la distance avant de conclure par de jolis doblones. Malheureusement, Tristan se troue à l’épée et perd le fruit de ses efforts.
Dax, Vendredi 15 août 2025
6 toros de Juan Pedro Domecq pour :
Juan Ortega : silence et silence
Andrés Roca Rey : silence et 2 oreilles après 2 avis
Tristan Barroso : une oreille et applaudissements
Jean Dos Santos