Les aficionados étaient de nouveau au rendez-vous pour la novillada piquée de la Feria de Hagetmau 2025. Un joli deux tiers d’arène pour assister à une novillada de San Isidro, fer inédit en France d’origine Marqués de Domecq.
Julio Mendez est sorti triomphateur d’une après-midi globalement décevante, laissant le sentiment d’un « il y avait mieux à faire ». Malgré le lot inégal de San Isidro, ce sont surtout les novilleros qui sont passés à côté du succès, notamment El Mene, dont ce n’était pas la première prestation décevante en France. Finalement, seul Julio Mendez, pourtant le moins expérimenté des trois, a su tirer profit de son lot et décrocher un triomphe généreux mais logique au vu de la concurrence.

Six novillos de San Isidro, très différents les uns des autres : certains légers de trapío, d’autres plus lourds, et aux armures inégales. Supérieurs : les 1er et 6e de la tarde. Tous ont montré une certaine noblesse, souvent atténuée par un manque général de force. Au cheval, les novillos se sont employés, notamment le 2e, qui alla trois fois au cheval, ainsi que les 5e et 6e, et dans une moindre mesure le 1er. C’est finalement l’émotion dans les charges qui a manqué aux toros de San Isidro cet après-midi.

Julio Mendez a profité de la noblesse de son premier novillo pour dessiner les meilleures séries muleta en main. Le novillero extremeño a montré du style et un sitio convenable pour affronter un animal qui s’est révélé au fil de la faena. Son estocade engagée dans la croix lui valut deux oreilles trop généreuses d’une présidence qui, une fois de plus, fausse la réelle valeur du bon travail du jeune torero.
Cid de Maria et El Mene se sont octroyés une vuelta chacun, après deux prestations assez différentes. Pour Cid de Maria, chef de lidia, le manque de saveur de son toreo peu dominateur lui a fait défaut face à ses deux adversaires, notamment le second qui présentait sans doute les meilleures qualités. Malgré une prestation sérieuse, il n’est pas parvenu à se hisser au niveau d’un lot qui ne présentait pas, à première vue, de difficultés insurmontables. Dommage, car il aurait pu espérer franchir la grande porte des arènes de Hagetmau.

Pour El Mene, c’est une nouvelle sortie décevante après Arles, Mugron, Captieux et Mont-de-Marsan. Leader de l’escalafón, il tenta d’abord d’expédier son premier novillo — certes difficile mais avec du potentiel. Sous la bronca du public, il finit par s’employer et sortir quelques séries qu’il aurait dû offrir de lui-même. Une attitude décevante de la part d’un novillero qui ne montra pas davantage de détermination face à son second novillo, pourtant noble et mobile, comme les toreros les apprécient. Le leader de l’escalafón novilleril repart bredouille, à l’image d’une novillada qui aurait pu décoller avec davantage d’adversité face aux San Isidro.
Toro à toro
Le premier novillo de San Isidro est bien présenté. Il prend une pique en poussant légèrement après une mise en suerte convenable de Cid de Maria. L’animal manque de force mais se montre noble. L’Espagnol tire quelques séries notables au prix d’un accrochage, sans se laisser impressionner, et parvient à extraire le maximum. Une entière plutôt en place qui finit par faire effet. Vuelta.
Lourd, aux armures peu esthétiques, le second novillo reste court et se fixe peu dans la cape de El Mene. Le tercio de piques est chaotique, avec un novillero totalement absent de la lidia. Mal piqué, l’animal va trois fois au cheval en poussant ; la première pique est appuyée et la troisième donnée alors que le cheval rentrait au patio. Dommage que le novillo n’ait pas été bien lidié. Dans le dernier tiers, El Mene débute sa faena avec l’épée de mort sous les sifflets du public, ce qui le pousse à s’engager et sortir quelques séries méritoires qu’il aurait dû proposer spontanément. Il tue d’une entière lointaine qui finit par faire effet.

Le troisième novillo est juste de présentation, plus modeste de gabarit et aux armures peu esthétiques. Une pique. Julio Mendez réalise un début de faena précis mais peu porteur sur le public. L’animal charge sans émotion, surtout à gauche où sa mobilité est réduite. Julio Mendez parvient néanmoins à trouver les bonnes attitudes et le rythme adéquat pour sortir plusieurs séries d’un meilleur ton en seconde partie de faena. Il tue d’une épée parfaitement portée dans la croix qui fait logiquement effet. Deux oreilles généreuses.
Bien présenté mais aux cornes basses, le quatrièle novillo prend une seule pique. L’animal manque de force à la sortie du tiers de piques. Finalement noble et mobile dans le dernier tiers, il offre de belles possibilités à Cid de Maria, qui tient le coup mais ne domine pas vraiment l’animal. Il s’en sort grâce à sa technique et signe de bons passages des deux côtés. Il tue d’un trois quarts de lame qui ne fait pas effet. Un descabello efficace.
Le cinquième novillo de San Isidro est modeste de gabarit et aux armures inégales. Difficile à fixer, il pousse fort sous l’unique pique. El Mene réalise une faena correcte mais à l’écho limité. Malgré la noblesse et la mobilité de son adversaire, il ne parvient pas à le bonifier. Nouvelle prestation décevante pour l’Espagnol. Sur sa deuxième tentative, il met une demi-lame qui lui permet de conclure au descabello. Vuelta exagérée.

Le sixième exemplaire de San Isidro est un magnifique burraco, reçu par de belles véroniques de Julio Mendez. Bonne pique avec un novillo qui pousse sous le fer. Julio Mendez débute sa faena par quelques muletazos corrects, mais le novillo baisse rapidement de régime et se fige. Le novillero n’a d’autre choix que d’abréger.
Hagetmau, Dimanche 3 août 2025
6 novillos de San Isidro pour :
Cid de Maria : vuelta et silence après 2 avis
El Mene : silence et vuelta après avis
Julio Mendez : 2 oreilles et silence après avis
Jean Dos Santos