Saint Perdon : une novillada et des piétons en demi-teinte pour le retour des Pincha

Après avoir remporté le prix du meilleur toro de la novillada concours en 2017 et 2019, la ganaderia de Pincha revenait à Mont de Marsan en présentant un lot complet pour la novillada de Saint Perdon. Devant un millier d’aficionados et sous un ciel bleu, les novillos de Pincha sont sortis en demi-teinte sur le sable du Plumaçon. Seul Manuel Perera, et avec une prestation elle-aussi en demi-teinte, repart avec une oreille en poche.

Le lot de la famille Baïgorri avait fière allure. En terme de présentation, les novillos n’ont pas déçu, supérieurs les 3ème et 6ème. En piste, les cornus de Navarre ont laissé une impression mitigée, inférieure à leurs dernières sorties dans ces mêmes arènes. Le 1er et 4ème ont laissé entrevoir quelques espoirs de succès dont le novillero n’a pas su profiter. Le second sans grande option et le reste du lot difficile à manier et manquant de fond, comme l’ensemble du lot en général à différente dose. A noter les lidias catastrophiques menaient par les novilleros cette après-midi, bien loin de ce que l’on peut attendre au minimum.

Adam Samira n’aura pas marqué les esprits pour sa présentation dans le Sud-Ouest. L’arlésien a hérité du lot le plus favorable dont il ne réussit pas à profiter. On notera quelques détails main gauche et un bon coup d’épée face à son second, mais le bilan général affiche encore des progrès à réaliser. Bayonne lui offrira cette opportunité dimanche prochain face à du bétail de Los Maños.

Manuel Perera faisait le paseo pour la troisième fois cette année dans le Sud-Ouest après Garlin et Dax. Une nouvelle fois, on vit un novillero plus spectaculaire que juste techniquement, favorisant un toreo plus virevoltant que centré sur les qualités de ses opposants. Son courage et son abnégation sont certes, bien présents chez le protégé de Juan José Padilla, mais il est aujourd’hui question de savoir si l’apprenti torero peut encore donner plus. Face à son second offrant plus de possibilité, sa faena manqua de sitio et de simplicité pour pouvoir transmettre sur les tendidos. On aperçu par intermittence des qualités certaines qu’il sera indispensable de mettre en avant, notamment dans des arènes de premier plan.

Christian Parejo a nagé entre le succès et l’obsession en cette après-midi montoise. Il livra une très bonne première prestation face à un Pincha dont les difficultés n’ont pas été évidentes à résoudre. Ses efforts et sa manière d’aborder le toro ont montré un bel avenir et encore une perspective d’évolution importante malgré un public qui resta quasiment insensible à cela. L’obsession vint au moment de se présenter pour estoquer le dernier novillo de la tarde. Visiblement diminué physiquement, le novillero a voulu toréer et s’est présenté à la sortie du novillo. Mais c’est uniquement muleta en main que l’espagnol a exploité l’animal, laissant le soin de la lidia à sa cuadrilla. Être torero n’est pas seulement l’histoire du dernier tiers… Malgré tout, il faudra revoir Christian Parejo, qui même diminué, a laissé la meilleure impression de la tarde.

Toro a Toro

Adam Samira reçoit le premier novillo de Pincha difficile à fixer et qui reste court dans la cape. L’arlésien se trompe de cheval sur la première pique. La seconde donne peu de résultats avec un novillo qui ne s’implique pas. Adam Samira réalise un début de faena prudent sur le piton droit. Il reste près des planches où il réussit à faire rompre l’animal. Il laisse de bons passages à gauche, où il ralentit la charge de l’animal. Le tout manque tout de même de précision face à un novillo s’améliore au fil de la faena. Malheureusement il échoue à l’épée à 2 reprises avant une entière tombée. 1 avis

Manuel Perera réalise une entame catastrophique où il se met à genoux pour donner des véroniques en se faisant désarmer à plusieurs reprises. La lidia manque également de précision avec un novillo qui part sur le cheval de réserve. Le novillo proteste violemment sur les deux rencontres. La faena de Manuel Perera ne décollera jamais. L’espagnol qui abuse de sa voix, ne réussit pas à emmener le public. Le novillo est décevant et manque de caste. Silence après des difficultés aux aciers

Christian Parejo réalise une bonne entame face au sérieux troisième, sévèrement armé. Il mène une lidia convenable. 2 piques. Le novillo manque de fond et de charge dans le dernier tiers. Parejo trace une faena volontaire où il tente d’extirper les muletazos un à un à son novillo. Il s’engage et reste à la merci du Pincha qui va lui infliger une voltera sans conséquence. Il tue d’une entière après plusieurs pinchazos. Silence après une prestation non reconnue par les tendidos.

Le quatrième pour Adam Samira, à nouveau totalement absent de la lidia. Le novillo prend 2 piques plus un mete y saca, dont une au cheval de réserve, sans mise en suerte. Adam Samira ne réussit pas à prendre la mesure de son novillo dans le dernier tiers. Le Pincha proteste mais charge et demande à être dominé. Le français ne laissera que quelques naturelles qui ne suffisent pas. Il tue d’une entière engagée qui lui permet d’effectuer une vuelta contestée.

Manuel Perera reçoit le beau cinquième à Puerta gayola. Son banderillero Marc Antoine Romero lui sauve la mise en suerte in extremis en rattrapant le novillo après une lidia aux bonnés absents. 2 piques mal données par Gabin Rehabi. L’espagnol réalise une entame de faena dans son style caractéristique, genoux au sol pour connecter avec les tendidos. Lorsqu’il s’agit de toréer vraiment, le manque de sitio de l’espagnol est flagrant. Il ne donne que deux séries rythmées sur le passage plus une troisième de bonne facture, avant de tomber dans un toreo statique face à un animal qui va a menos. Il tue d’une bonne entière qui lui permet de couper une oreille.

Christian Parejo, blessé à la cheville, est inapt pour combattre le dernier novillo. Il se présente tout de même en piste pour une réception prudente en boitant face à un très bel exemplaire du fer de Pincha. Le novillero de Chiclana laisse le soin de l’intégralité de la lidia à Mathieu Guillon. Le banderillero français place le novillo pour deux rencontres en poussant légèrement. Muleta en main, Parejo parvient à tenir son rang malgré sa faiblesse physique. Il sert une faena d’un style bien supérieur que les précédentes, en s’engageant et tirant le meilleur de son décevant collaborateur. Quelques bonnes séries portent sur les tendidos avant un nouvel échec à l’épée qui le prive sûrement d’un pavillon.

Saint Perdon, Dimanche 29 Août 2021

6 novillos de Pincha pour
Adam Samira : salut après avis et vuelta
Manuel Perera : silence après avis et une oreille
Christian Parejo : silence et silence

Jean Dos Santos