Initialement prévue le 19 octobre, c’est finalement ce 11 novembre qu’elle s’est déroulée, sous un magnifique soleil d’automne. Les aficionados avaient répondu présents à l’appel des anciens élèves de Richard Milian pour lui rendre l’hommage qu’il mérite.
Une journée taurine qui avait débuté par une tienta matinale suivie d’un repas, avant de laisser place, l’après-midi, aux anciens élèves de l’école taurine. Devant un tiers d’arène, c’est Antonio João Ferreira qui eut la tâche de donner le ton. Premier torero à être passé entre les mains de Richard Milian, il avait pris l’alternative en 2008 à Mont-de-Marsan devant les toros de La Quinta. Un retour aux sources important pour le torero portugais, qui continue de toréer et d’espérer une opportunité en costume de lumière afin de relancer une carrière désormais centrée sur le Portugal. À Saint-Sever, on a retrouvé un torero sûr et appliqué, toréant avec maturité et conviction. Il réalisa une prestation correcte pour décrocher une oreille à l’occasion de son unique paseo de la saison.
Thomas Dufau puis Mathieu Guillon ont poursuivi le bal, le premier toréant avec une douceur certaine face à un novillo modeste et aux forces limitées. Thomas Dufau proposa un joli spectacle, partageant le tiers de banderilles avec son compagnon de toujours, Mathieu Guillon, et Clovis, le novillero qu’il accompagne désormais. Une faena de détail et de douceur, récompensée d’une oreille, après une mise à mort effectuée par Ekaitz Moreno Leal. Mathieu Guillon alla à puerta gayola pour recevoir son novillo. Une prestation pleine d’envie et d’entrain, portée par un public particulièrement attentif à la prestation du Montois. Une faena enjouée et supérieure sur le flanc droit lui permit d’effectuer une vuelta fêtée, promenant une oreille aux côtés de ses enfants.
Dorian Canton et Yon Lamothe ont ensuite poursuivi la tarde, tombant sur deux toros/novillos plus massifs, notamment celui de Dorian. Les deux hommes ont livré des prestations très professionnelles et classiques. Dorian Canton eut un toro plus coopératif, lui permettant d’exprimer davantage son toreo. Yon Lamothe, très inspiré à la cape, dut se contenter de quelques passages méritoires lors d’une faena où le novillo manqua de mobilité et de race.
Enfin, Ekaitz Moreno Leal scella la journée dans la nuit noire, se battant avec un novillo d’Alain Bonijol difficile, encasté et à la limite du genio. L’apprenti torero, valeureux mais dépassé, se défendit avec ses armes pour terminer digne et récompensé d’une ultime oreille.
Toro a toro
Antonio João Ferreira hérite d’un premier toro de Camino de Santiago bien fait, bas et de bon gabarit. Distrait à sa sortie, l’animal ne se fixe pas, ce qui complique la tâche du Portugais. Deux piques où le toro se défend en poussant. Ferreira réalise une belle entame par le bas, où il essaie de fixer l’animal. Il tire des passages relâchés malgré les charges saccadées d’un toro qui ne rompt pas et qui se défend de plus en plus à gauche. Il tue d’une première épée verticale qui ressort, puis d’une troisième un peu de côté, qui sera fatale. Une oreille
Thomas Dufau accueille son novillo par de magnifiques véroniques douces et templées. Une pique où le novillo pousse mais laisse des forces. Thomas Dufau banderille le novillo avec Mathieu Guillon et Clovis. Le novillero débute avec une paire correcte, tandis que Mathieu et Thomas se réunissent au centre de la piste comme à la grande époque. Ils effectuent un quiebro, Mathieu enchaîne avec une excellente paire avant que Thomas ne conclut par un al violin réussi. Le Montois sert une faena tout en douceur face à un novillo noble mais aux forces limitées. Sous le Concierto de Aranjuez, il déroule des séries plaisantes avant de céder sa place à Ekaitz Moreno au moment d’estoquer le novillo. Un cadeau pour l’apprenti torero d’Adour Aficion, qui s’exécute au deuxième essai par une entière basse. Une oreille lui est accordée.
Mathieu Guillon va à puerta gayola tel un novillero plein d’envie et d’ambition. Réception ajustée sous l’ovation des tendidos. El Monteño mène une excellente lidia avec un bon toreo de cape. Il prend en charge le tercio de banderilles avec Clovis pour un joli moment de partage. Dans le dernier tiers, le novillo n’est pas évident : il serre et reste parfois court dans la muleta du Montois. Mathieu réussit à s’imposer en début de faena avec de bons passages sur le piton droit. Il laisse du temps à l’animal et le cite de loin. À gauche, le novillo a plus de vice et pose davantage de problèmes à Mathieu. Il revient à droite pour tracer quelques muletazos limpides et ordonnés avant des aciers poussifs et un descabello rageur qui clôt sa bonne prestation. Une oreille et vuelta fêtée avec ses enfants.
Dorian Canton hérite d’un toro massif et bien fait. Distrait et difficile à fixer, Dorian parvient à l’accrocher avant une pique. Le Béarnais réalise une faena limpide et technique, où il prend peu à peu la mesure d’un toro qui ne rompt pas totalement. Il sert de bons passages sans jamais être mis en difficulté avant de conclure d’une épée convaincante et de décrocher une oreille.
Yon Lamothe reçoit son novillo par de nombreuses passes de cape : tout le répertoire y passe — tafallera, gaonera, saltillera… Une pique légère. Dans le dernier tiers, le novillo n’offre que peu de mobilité. Malgré une première série où Yon Lamothe trace quelques derechazos, le reste n’est que tentative d’extraire quelques muletazos à un animal sans race. Il tue en plusieurs temps malgré les conseils de Richard Milian, présent auprès de l’ensemble des toreros du jour.
Ekaitz Moreno Leal va à puerta gayola pour recevoir l’eral d’Alain Bonijol. Il torée avec courage, mais son manque d’expérience est évident. Il est emporté par la race et la difficulté de l’animal. Malgré quelques bons muletazos, il ne parvient pas à prendre le dessus sur un novillo difficile et avisé sur la fin, comme en témoignent les nombreuses volteretas subies. Moreno Leal reste courageux jusqu’au bout, estoquant son novillo au deuxième essai d’une entière basse.
Saint-Sever, Mardi 11 novembre 2025
5 toros/novillos de Camino de Santiago et 1 novillo de Alain Bonijol (6°) pour :
Antonio João Ferreira : vuelta
Thomas Dufau : une oreille
Mathieu Guillon : une oreille
Dorian Canton : une oreille
Yon Lamothe : salut
Ekaitz Moreno Leal : une oreille
Jean Dos Santos