Soustons : Victor coupe les deux oreilles de son novillo de Fernay et sort a hombros

La novillada des fêtes de Soustons 2025 s’est cette année tenue le samedi. Sous une chaleur estivale supportable, l’affluence fut quelque peu décevante, les tendidos étant principalement garnis de touristes et des soutiens de chacun des novilleros présents au cartel. La formule 100 % des organisateurs de la Vuelta a permis de rassembler un petit tiers d’arène pour cette édition 2025.

Les novillos de Olivier Fernay et de la famille Fano étaient opposés dans un desafío ganadero qui s’est révélé décevant, notamment en raison d’une présentation trop limite, que ce soit en termes de trapío ou d’armures souvent abîmées. Le premier de Fernay, ainsi que le cinquième et le sixième de Fano, sont sortis avec un trapío supérieur aux trois autres, qui n’étaient pas suffisamment prêts. Cela n’a pas empêché le troisième novillo de la tarde, peut-être le plus léger, de montrer le plus de qualité en piste.

Tous se sont montrés discrets à la pique, protégés par les cuadrillas pour privilégier le dernier tiers. La sérieuse présidence assurée par François Sourbié et ses adjoints a permis d’assurer un châtiment nécessaire pour garantir les fondamentaux de la lidia.

Victor s’est ouvert la porte du triomphe grâce à un grand coup d’épée, libérant les deux oreilles au terme d’une prestation irrégulière mais méritoire. Son premier adversaire de Fernay a offert une mobilité intéressante. Encore vert, Victor s’est défendu avec ses moyens, réalisant des séries certes limpides et fluides, mais trop en périphérie et sur le passage de l’animal. Il eut le mérite d’intensifier ses efforts dans une faena qui est allée a más, avant de porter une bonne estocade foudroyante. Deux oreilles encourageantes, mais qui ne doivent pas faire oublier l’absence de lidia de l’animal, un domaine dans lequel il se reprit avec succès face à son second, sans grande transmission, qui a fini par s’arrêter dès le milieu de la faena. Un succès dans la continuité d’une carrière en pleine construction.

Juan Molas, que l’on peut presque qualifier de « local » de l’étape, n’aura pas eu de passe-droit au moment de se voir octroyer les oreilles. Volontaire malgré deux faenas un peu accrochées et pas toujours précises à 100 %, le Landais a eu le mérite de réussir à se mettre au niveau de ses adversaires, même s’il dut s’employer pour y parvenir. Face à son premier, il a fait le nécessaire sur les deux bords pour mettre en avant les qualités d’un novillo sur la défensive. Face à son second, c’est sur le piton gauche que Molas est parvenu à tirer les meilleurs moments avant un recibir placé un peu devant mais efficace. Si la première oreille paraissait peut-être un peu légère, celle demandée à l’issue de son second combat aurait pu être accordée par la sérieuse présidence du jour. Pour Juan Molas, c’est un nouveau pas en avant avant de se présenter à Seissan pour l’ultime novillada de sa temporada 2025.

Clément Hargous était le novillero le moins expérimenté du cartel. Il compensa avec beaucoup d’envie, à l’image d’une puerta gayola à son second, et un certain sens de la lidia honorable, notamment lorsqu’on voit les toreros actuels se débarrasser sans scrupule des deux premiers tiers. Le novillero français s’est appliqué dans la lidia pour mettre à chaque fois ses deux novillos en suerte de la meilleure des manières. S’il est nécessaire de progresser aux banderilles, Clément Hargous eut là aussi le mérite d’être l’acteur du deuxième tiers pour tenter de mettre du rythme dans cette novillada, qui en aura manqué à plusieurs reprises. Ses deux faenas furent honorables et sincères.

Face à son premier novillo de Fernay, Hargous réalisa de bons passages pour contenir les charges irrégulières de son adversaire. Face à son second de Fano, un animal réservé et qui ne se livra que trop peu, le Français fit de nouveau un effort notable pour tenter de décrocher le succès. Un triomphe qui n’arrivera finalement pas, faute à des épées défaillantes tout au long de la tarde — un mal « classique » chez les toreros qui toréent peu. Retenons plutôt tous les points évoqués en début de paragraphe, qui donnent l’espoir de voir progresser un garçon ayant besoin de nouvelles opportunités pour avancer.

Toro a toro

Le premier novillo du fer d’Olivier Fernay est un colorado de bon gabarit, aux cornes abîmées. Juan Molas réalise une réception propre avant deux petites piques données à un animal juste de forces. Juan Molas réalise une faena volontaire mais accrochée. Le novillo se défend dans des charges qui manquent d’un brin de force. Le Landais fait l’effort d’extraire quelques séries sur chaque piton, mais cela manque de fluidité. Molas porte une entière engagée, un peu devant, qui fait effet. Pétition non minoritaire à laquelle la présidence reste justement impassible. Salut.

Le second novillo d’Olivier Fernay est trop juste de présentation, que ce soit en termes de gabarit ou d’armures. Clément Hargous fait l’effort de bien mettre en suerte l’animal. Il prend deux piques légères en poussant un peu sur la première rencontre. Le tercio de banderilles est assuré par le novillero, qui est en difficulté dans ce secteur mais volontaire. Toujours appréciable de voir les toreros prendre les banderilles. Dans le dernier tiers, le novillo se montre mobile malgré des charges irrégulières. Clément Hargous parvient à réaliser une bonne entame, très majoritairement droitière. Malgré quelques accrochages, il sert des séries de bonne facture. Il porte une entière basse au second essai qui ne fait pas effet. Les choses durent et les tentatives au descabello ne sont pas concluantes. Le novillo finira par se coucher avant les trois avis. Dommage pour Clément Hargous qui avait réalisé une prestation honorable.

Le troisième novillo de Fernay est également trop juste de présentation, insuffisant de trapío et d’armures. Victor est absent lors d’une lidia inexistante. Deux piques symboliques et une troisième rencontre sans contact au milieu, avec un président qui exige une seconde pique. Bravo. Victor débute sa faena au centre de la piste par des passes changées dans le dos, main gauche. Le novillo est doté d’une extrême noblesse et n’a aucune vice. Victor réalise une faena qui va a más mais trop souvent périphérique. Il exige peu de l’animal, le toréant beaucoup sur le passage avec précision. Les dernières séries statiques sont bonnes avant une épée foudroyante en place. Deux oreilles octroyées, grâce notamment à l’excellente épée.

Le premier novillo de Fano est également de petit gabarit mais avec beaucoup d’énergie à son entrée en piste. Il prend une bonne pique. Juan Molas réalise un début de faena moyen sur le piton droit avec un novillo compliqué. Sur le piton gauche, le Français parvient à tracer plusieurs bonnes séries qui portent sur les tendidos. La faena est inégale mais volontaire, avant de conclure par un bon recibir un peu en avant mais efficace. Pétition non entendue par la présidence, un peu sévère sur ce coup. Vuelta fêtée.

Clément Hargous va à puerta gayola recevoir le cinquième novillo du fer de Fano. Doté d’une présentation convenable, l’animal charge avec intérêt dans la cape avant deux piques peu disputées mais bien mises en suerte par Clément Hargous. Le novillero se montre une nouvelle fois volontaire en prenant en main le tercio de banderilles. Dans le dernier tiers, le novillo reste un peu sur la réserve. Clément Hargous est sérieux et appliqué, cherchant les solutions pour dominer totalement son novillo. Il sert des séries volontaires avant une entière portée avec engagement mais inefficace. Il essuie plusieurs échecs au descabello et perd le fruit de ses efforts. Dommage.

Le dernier Fano est correct de présentation. Victor réalise cette fois-ci une bonne mise en suerte. Une pique. La faena de Victor manque cruellement de transmission, avec un torero discret et un novillo qui donne peu d’émotion. Il tue d’une vilaine épée traversante au second essai, qui l’oblige à se reprendre une troisième fois et à utiliser l’aide du descabello.

Observations : Clément Hargous a brindé son 1er toro à Julien Lescarret.
1/3 d’arène
Présidence : François Sourbié

6 novillos de Olivier Fernay (1/2/3) / Fano (4/5/6)
Juan Molas : salut après pétition et vuelta après pétition
Clément Hargous : salut après 2 avis et salut après avis
Victor : 2 oreilles et salut

Jean Dos Santos