Bayonne : quand l’excès de triomphalisme gâche une tarde pourtant entretenue !

Lorsque l’incohérence des récompenses attribuées aux toreros pointe le bout de son nez, ce n’est jamais bon pour le bilan général d’un spectacle taurin. C’est ce que l’on a vécu cette après-midi aux arènes de Bayonne où les ingrédients étaient pourtant tous réunis pour vivre une vrai tarde de toros dans une arène de première catégorie. La présidence technique, hors du coup de bout en bout de la corrida, a distribué pas moins de 7 oreilles et une vuelta posthume. La moitié des trophées étaient pourtant suffisants, qui auraient donné une valeur supérieure aux oreilles obtenues.

Le lot de Garcigrande et Domingo Hernandez qui a déboulé sur le sable des arènes Lachepaillet était de présentation inégale avec deux exemplaires supérieurs (1°/6°) et le reste du lot correct. Dans le comportement, le lot a globalement donné du jeu et de l’intérêt avec un fond de noblesse non négligeable et une certaine mobilité pour l’ensemble du lot. Satisfaisant donc et offrant des possibilités aux trois piétons.

Miguel Angel Perera était prévu comme chef de lidia et principale figura du cartel. Il confirma son statut avec une prestation au dessus du lot, dominant ses deux toros avec autorité. Une leçon technique et de connaissance de l’animal pour une après-midi terminée par une sortie a hombros généreuse, notamment faute à l’octroi d’un premier trophée pas totalement incohérent mais pas forcément nécessaire.

Paco Ureña n’est pas dans la meilleure phase de sa carrière. Cette corrida était la seule prévue à son calendrier dans le Sud Ouest français. Pour l’occasion, il torea avec sérieux et application face à deux adversaires bons collaborateurs. Il délivra deux faenas correctes mais manquant un peu du plus qui fait basculer dans le bon. Il obtint une oreille généreuse dont il se débarrassa d’ailleurs dès l’entame de sa vuelta.

Jesus Enrique Colombo était de retour après sa prestation remarquée l’an passé lors de la corrida des six toreros. Le vénézuélien livra une tarde dans ses caractéristiques avec un toreo très spectaculaire. Son premier combat fut surcoté avec un tercio de banderilles de bas niveau et une faena limitée qui fut récompensée de deux oreilles et d’une contestation de la part des tendidos.

Jesus Enrique Colombo aux banderilles

Sa seconde lidia fut de meilleur niveau avec cette fois-ci un grand tercio de banderilles et une faena inégale mais avec plusieurs passages intéressants. 2 nouvelles oreilles généreuses qu’il doit (comme lors de son premier) à un grand coup d’épée. En délivrant une oreille sur chaque toro, la présidence aurait donné une valeur différente au triomphe de Jesus Enrique Colombo…

Toro a Toro

Miguel Angel Perera reçoit le premier Garcigrande très bien présenté qui a du mal à se fixer. Il prend 2 piques légères. Perera réalise une bonne entame en soumettant l’animal qui répond bien. L’espagnol trace sur le piton droit les meilleures séries en allongeant la charge de l’animal dans le bon sitio. À gauche, le toro est brusque et plus difficile à manier. C’est croisé et précis techniquement que Perera extrait le meilleur possible. 1 entière basse qui fait effet. 1 petite oreille accordée.

Le second est bas et large de corne. Difficile à fixer à son entrée, Ureña réalise une lidia timide pour deux piques légères. Le début de faena est bon avec deux séries vibrantes données avec naturel. La musique joue et l’espagnol perd un peu le fil de la faena. Il pèse moins sur un animal qui est mobile. Travail inégale et un peu décevant. Il tue d’une entière traversante, sortant sur le sens contraire et plusieurs descabellos.

Jesus Enrique Colombo reçoit le troisième à genoux près des planches pour plusieurs farols et véroniques. 2 piques légères. Tercio de banderilles chaotique du vénézuélien mais populaire. Le début de faena est entretenu avec deux séries notables. Le toro baisse d’intensité et le torero se retrouve un peu perdu face à l’animal. Il recule et ne pèse plus sur le toro. Colombo tue d’une entière foudroyante. Le président accorde 2 oreilles beaucoup trop généreuses et une partie du public conteste logiquement.

Miguel Angel Perera face au quatrième de Garcigrande

Miguel Angel Perera reçoit le quatrième correct de présentation. 2 piques avec une implication modérée. L’espagnol réalise une faena entamée au centre sur le piton droit avant de réduire considérablement la distance. Travail technique et précis entre les cornes de l’animal qui porte sur les tendidos. Il tue d’une entière tombée qui met du temps à faire effet.

Le cinquième, juste de présentation, prend 2 piques très légères. Paco Ureña entame le dernier tiers pas le haut face à un animal réservé et un peu fade. Il donne une faena manquante de transmission et inégale. Il laisse quelques naturelles notables. Il tue d’un 3/4 de lame efficace. 1 oreille généreusement accordée.

Le dernier est très bien présenté. Il pousse très peu sur deux rencontres malgré les bonnes mises en suerte de Jesús Enrique Colombo. Quite par lopecinas en faisant passer le toro très loin mais l’exotisme du quite est populaire. Cette fois-ci le tercio de banderilles est de haut niveau avec deux paires classiques et un quiebro. Les six banderilles sont sur le toro ! La faena débute en rythme avec deux séries de derechazos notables. Colombo abuse un peu d’un toreo circulaire sur le passage de l’animal. À noter une série de quelques naturelles profondes. La faena est électrique et porte sur les tendidos. Il termine par une série de manoletinas qui relève l’intensité de la faena avant une entière a recibir remarquablement portée. 2 oreilles accordées là aussi généreuses tout comme la vuelta posthume à un toro invisible à la pique.

Bayonne, Dimanche 4 septembre 2022

6 toros de Garcigrande (1°/2°) / Domingo Hernandez pour
Miguel Angel Perera : une oreille et une oreille après 2 avis
Paco Ureña : salut après avis et une oreille après avis
Jesús Enrique Colombo : 2 oreilles avec division et 2 oreilles

Jean Dos Santos