La Feria de Abril 2025 s’est poursuivie ce samedi après-midi avec une corrida de Victorino Martín attendue, où figurait notamment un certain Daniel Luque, venant se mesurer aux toros d’Albaserrada. Malgré des tendidos pleins, la magie n’a pas pu opérer, faute à une corrida de Victorino Martín décevante dans tous les secteurs de la lidia. Seul le cinquième toro, supérieur, a permis à Manuel Escribano de s’imposer et de couper deux oreilles…
Six toros de Victorino Martín, légers de trapío, aux armures inégales, certaines assez commodes pour la catégorie. Supérieurs de présentation, les troisième, quatrième et cinquième. Tous annoncés autour de 500/520 kg. On peut penser qu’avec le voyage et les corrals, les pensionnaires de Las Tiesas de Santa María sont sortis amputés de quelques kilos… Tous globalement manquant de fond et de mobilité, ne permettant pas aux toreros de s’exprimer. Seul le cinquième, primé d’une vuelta posthume généreuse, a livré une adversité intéressante, notamment grâce à des charges vibrantes dans le dernier tiers.

Manuel Escribano s’est, comme à son habitude à la Maestranza, employé à plus de 100 %. Présent dans les trois tercios, le torero de Gerena a démontré toute sa connaissance de la ganadería et de cet encaste si particulier pour régler la mire face au cinquième et bénéficier des qualités du toro. Grâce à des muletazos profonds et vibrants, suivis d’une bonne épée, les deux oreilles sont tombées pour venir contraster le reste de la tarde.
Le reste de la tarde, c’est Daniel Luque qui a tenté de l’animer ! L’autre torero de Gerena, qui a perdu son père dans la semaine, a dédié sa première faena au défunt, toréant avec une empreinte torera et valeureuse face à un adversaire réservé et peu mobile. La maturité du toreo de Daniel Luque a une nouvelle fois permis de dessiner une faena peu attendue, avec des naturelles profondes. Les efforts reconnus du torero ne lui ont malheureusement pas permis de décrocher une oreille, mais tous les aficionados ont une nouvelle fois pu voir sa capacité à dominer tout type d’encaste.

Enfin, Manuel Jesús « El Cid« , chef de lidia du jour, a purement et simplement laissé le soin de la lidia du premier, peu franc, à son banderillero Juan Sierra, qui officia avec brio. Malgré quelques efforts muleta en main, la tarde du torero de Salteras restera sans peine ni gloire, malgré quelques bons passages face à son second toro.
Toro a Toro
Le premier toro de Victorino Martín met plusieurs minutes à sortir des chiqueros. Déjà en querencia (se réfugiant dans la partie « toril » du ruedo), El Cid laisse le soin à son banderillero d’accueillir le toro. Juan Sierra réalise de très bonnes véroniques, conduisant avec précision le toro. El Cid reprend la main pour un tercio de piques qui nécessite un changement de position du cheval. Deux piques timides avec, à nouveau, une belle lidia de Juan Sierra. Le toro charge de moins en moins, empêchant El Cid de pouvoir réaliser une faena. Une entière qui fait effet au deuxième essai.

Le second toro est assez commode de présentation, assez réservé et se livre peu. Manuel Escribano sert de bonnes véroniques, suivies d’un tercio de piques inégal, où le toro pousse réellement lors de la première rencontre. Manuel Escribano réalise un tercio de banderilles plein d’expérience et de sens du placement pour faire charger un toro assez difficile à faire bouger. Le dernier tiers débute sur le même ton, avec un toro qui peine à charger. Escribano s’arrime et s’essaie des deux côtés, permettant au toro de rompre au fur et à mesure des muletazos. Il parvient à tirer plusieurs passages très méritoires dans la seconde partie de faena avant une entière efficace au deuxième essai. Efforts reconnus par les tendidos.
Le troisième toro de Victorino Martín est supérieur de présentation par rapport aux deux premiers. Daniel Luque réalise un accueil très torero avec deux largas et des véroniques templées. La première mise en suerte est loupée avec un toro qui part seul au cheval pour en sortir aussitôt arrivé. La deuxième pique est plus intéressante, avec un toro qui pousse. Bon tercio de banderilles de Raúl Caricol et Jesús Arruga. Daniel Luque brinde le toro au ciel en direction de son père, décédé cette semaine. Le torero de Gerena réalise une excellente faena mêlant engagement, torería et abnégation. Le toro, manquant de mobilité, garde la tête haute entre chaque muletazo, regardant directement Luque. Cela n’empêche pas l’Espagnol de rester au-dessus de l’animal. Il tue d’une entière un peu basse qui fait effet. La pétition d’oreille, minoritaire, n’est pas entendue par la présidence mais forte ovation au torero pour son très bon travail.
Le second toro d’El Cid est mieux présenté avec des armures plus conséquentes. Deux piques sans histoire avant un tercio de banderilles de qualité de l’incontournable Juan Sierra. Il salue pour l’ensemble de son œuvre. Dans le dernier tiers, El Cid fait l’effort devant un toro sur ses gardes et qui regarde le torero. Peu d’options pour El Cid qui parvient, sur quelques séquences, à templer quelques muletazos. Épées défaillantes avec descabello pour conclure.
Manuel Escribano va a puerta gayola recevoir le cinquième toro de Victorino Martín. Le Sévillan réussit sa réception mais passe près de l’accrochage sur sa passe de fin. Deux piques. Tercio de banderilles spectaculaire de Manuel Escribano devant un toro qui ne l’aide pas beaucoup. Ce sont par des doblones intenses que Manuel Escribano donne le ton à sa faena. Malgré des accrocs en début de faena, Escribano parvient à tirer le meilleur du toro sur chaque bord. Il s’emploie d’abord sur le pitón droit, où il parvient à lier plusieurs séries de derechazos intenses qui déclenchent la musique. À gauche, il parvient à dessiner de belles naturelles profondes malgré un toro toujours sur ses gardes, mais qui met la tête dans la muleta avec race. La faena et le toro vont a más, permettant à Escribano d’élever le niveau général. Il tue d’une entière en place qui fait effet et libère deux oreilles. Vuelta posthume généreuse au toro.
Daniel Luque réalise de belles véroniques pour accueillir le dernier toro de la tarde. Deux piques sans histoire. Le toro est sur la réserve et se livre peu. Dans le dernier tiers, l’animal charge sur la défensive et n’offre aucune option à Luque, qui abrège logiquement d’une entière et d’un descabello.
Sevilla, Samedi 3 mai 2025
6 toros de Victorino Martin pour
El Cid : silence et silence après avis
Manuel Escribano : salut après avis et 2 oreilles après avis
Daniel Luque : salut après pétition et silence
Jean Dos Santos