Madrid : l’encerrona d’Emilio de Justo n’aura durée qu’un toro, mais quel toro !

La corrida événement de ce début de saison avait bien lieu ce Dimanche 10 avril dans les arènes de Las Ventas. Révélé en 2016 à Orthez puis Mont de Marsan, Emilio de Justo avait cette après-midi rendez-vous avec l’histoire. Comme certains auparavant, en citant par exemple Ivan Fandiño, cette encerrona avait pour but de permettre à Emilio d’intégrer le rang des maximas figuras du circuit taurin.

Cette encerrona devait se dérouler à l’image du torero, avec une variété de ganaderias et d’encastes intéressantes, où l’aficionado était placé au centre des intérêts. Pallarés, Domingo Hernandez, Victorino Martin, Victoriano del Rio, Palha et Parladé, voilà le programme qu’aurait dû attendre le torero espagnol.

Malheureusement, les événements ne se sont pas exactement déroulés comme prévu. Aux alentours de 18h10, le toro de Pallarés surgit dans le ruedo après une ovation bien méritée de la plaza de Las Ventas. Un toro sérieux, bien dans le type de la ganaderia. Le cardeno d’origine Buendia fut un sérieux adversaire dont Emilio de Justo prit dès l’entame avec intérêt. Il reçut parfaitement l’animal, capote en main, par des véroniques de très bon goût, histoire de donner le ton. La mise en suerte ne fut pas brillante mais la prestation de sa cuadrilla lors du tercio de banderilles vint arrondir les angles. José Chacon puis Jesus Arruga brillèrent banderilles en main sous l’ovation des tendidos.

Muleta en main, l’histoire continua de s’écrire avec une faena qui nous rappela les premières d’Emilio de Justo. L’espagnol hérita d’un animal brave, à la charge intense et exigeante, laissant un danger permanent autour de ses chevilles. Comme souvent avec cet encaste Buendia, Emilio parvint à prendre le dessus en distillant à l’animal des muletazos profonds et intenses. C’est sur le piton gauche qu’il exploita au maximum la charge de l’animal, dès l’entame au centre du ruedo. Il maîtrisa de bout en bout son sujet, en réduisant au fur et à mesure la distance entre son corps et la charge de l’animal. Une faena sobre, juste et adaptée face à un animal sérieux et restant menaçant tout au long de la faena.

Au moment de se présenter, épée en main, devant l’animal, Emilio de Justo sût qu’il jouait déjà une première oreille dans ce grand rendez-vous. Il s’élança avec une grande sincérité sur un animal qui ne le loupa pas. L’épée est en place, le toro est atteint, mais un violent coup de tête de l’animal vint réduire les chances de triompher à zéro. Le toro meurt avec gloire et Emilio de Justo est contraint de stopper son après-midi sous l’ovation unanime des tendidos. Une oreille lui sera octroyée avec pétition de la seconde logiquement non concédée.

L’histoire aura tourné court, mais quelle prestatition de l’espagnol.

Au vu du reste du lot, on peut présager qu’un triomphe important était à la portée du torero de Torrejoncillo. C’est le sobresaliente Alvaro de la Calle qui tua curieusement à lui seul les 5 toros sans partager avec Jérémy Banti, second sobresaliente.

Le Victoriano del Rio laissa la meilleure impression de la tarde. Un animal brave tout au long de la lidia, qui alla au cheval avec entrega à trois reprises. Après une grande prestation lors du dernier tiers, le toro fut primé d’une vuelta posthume.

Le Domingo Hernandez montra des qualités mais manqua de fond tandis que le Palha fut trop exigeant pour le sobresaliente.

Alvaro de la Calle

Alvaro de la Calle estoqua donc à lui seul les 5 toros restants. Pour un torero ne toréant pas, il faut tout de même saluer sa performance devant des tendidos qui affichaient les 20 000 personnes. Une chance de relancer sa carrière que le natif de Salamanca ne saisit pas forcément. Face au Victorino Martin manquant un peu de caste malgré des qualités, il laissa quelques détails notables, toréant avec douceur et justesse par intermitence. Face au Victoriano del RIo, il donna de bonnes séries mais resta en dessous d’un animal qui permettait d’ouvrir la grande porte. A noter la grande lidia de José Chacon lors du tercio de banderilles ainsi que les poses de Andrés Revuelta et Jesus Arruga.

Vuelta posthume du toro de Victoriano del Rio

Peut être aurait-il dû partager le gâteau avec Jérémy Banti, qui s’exprima seulement sur un quite brillant face au toro de Victoriano del Rio.

La tarde peut donc laisser un goût amer, notamment pour tous les aficionados qui étaient venus de loin. Revanche il y aura !

Madrid, Dimanche 10 avril 2022

6 toros de Pallarés, Domingo Hernandez, Victorino Martin, Victoriano del Rio, Palha, Parladé pour
Emilio de Justo : une oreille avec blessure
Alvaro de la Calle : silence après 2 avis, applaudissements, vuelta après avis, salut et salut

Jean Dos Santos