Pour clore cette feria de Pentecôte 2025, l’empresa avait misé sur un geste fort : Borja Jiménez, l’un des triomphateurs de Madrid, seul face à un lot de Victorino Martín. Une promesse de vérité et d’émotion pour une arène nîmoise toujours friande de ce genre d’exercices de haut risque. Hélas, la course ne tint jamais ses promesses. La faute à un lot de Victorino Martin anodin, faible, souvent éteint, parfois ingrat, sans cet éclat ni ce sel que l’on attend de l’élevage d’origine Albaserrada. Borja Jiménez, volontaire du premier au dernier instant, ne put jamais renverser une tendance trop lourde.

Dès le premier toro, les signes de faiblesse étaient évidents après deux piques. Borja Jiménez confirma l’alternative des mains d’Espartaco, en présence de son frère Javier Jiménez. Il tenta de faire l’effort, mais le toro, sans forces ni fond, s’arrêta rapidement. Un pinchazo, puis une entière d’effet immédiat, mirent fin à cette entrée sans relief, conclue dans le silence.
Le second ne montra guère plus de disposition. Deux piques sans histoire, puis un comportement sec, compliqué, sans jamais baisser la tête. Borja insista, tenta de relier les charges courtes, mais sans succès. Quatre pinchazos, une demi-lame, un descabello. Le silence encore.
Avec le troisième toro, un espoir naquit. L’animal se livra avec entrain au capote, et Borja montra sa détermination. Deux bonnes piques de Tito Sandoval et une faena plus construite, face à un toro un peu plus noble que les précédents. Des séries de bonne facture sur les deux rives donnèrent enfin un peu de relief à l’après-midi. Malheureusement, une estocade défectueuse priva Borja d’une oreille méritée, qui aurait pu donner un autre ton à ce solo. Applaudissements.
Le quatrième montra à nouveau cette faiblesse récurrente. Deux piques, une faena hachée par les chutes du toro, et malgré les efforts du torero, rien ne put être véritablement tiré de ce combat. Une demi efficace, mais encore le silence.
Le cinquième, dans la même veine que ses frères, n’offrit aucune transmission. Borja tenta encore de construire une faena, mais le public ne réagit pas. Il ne se passait rien. Une entière bien portée mit fin à cette nouvelle tentative stérile. Silence.

Le dernier, lui aussi conforme au lot, confirma l’échec de l’après-midi. Deux piques, un toro arrêté, sans envie. Après une série, Borja prit l’épée. Le public gronda. Il insista tout de même pour tirer quelque chose de ce dernier adversaire, mais en vain. Une entière efficace, et encore le silence.
La déception est grande. Victorino Martin, dont on espérait l’intensité, l’émotion ou l’âpreté, a signé un lot faible, sans race ni vrai danger. Borja Jiménez, courageux et appliqué, n’a pu rien faire, malgré son abnégation constante. Cette corrida, qui devait être le point d’orgue de la feria, en fut finalement la note la plus fade. Dommage.
Nîmes, Lundi 9 juin 2025
6 toros de Victorino Martin pour
Borja Jiménez : silence, silence, silence, applaudissements, silence et silence
La rédaction